Coup de coeur mensuel
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Coup de coeurTARAMA DREWE (selon mca)

Stephen Frears (GB 2010 - distributeur : Cinéart)

Gemma Arterton, Tamsin Greig, Jessica Bardem, Dominic Cooper, Roger Allan

109 min.
15 septembre 2010
TARAMA DREWE (selon mca)

Chez Proust, les jeunes filles sont en fleurs. Chez Frears elles sont en … short.

Mais, au fond, sont-elles tellement différentes ? Leur beauté et jeunesse ne vont-elles troubler de la même façon leur entourage ? Féminin et masculin.

Il y a beaucoup de raisons qui plaident pour faire de Tamara un hit, il y en a moins pour en faire un chef d’œuvre.

D’abord l’affiche dont l’évidente plastique doit tout à celle, radieuse et pleine, de Gemma Arterton. Qui, après Keira Knightley, Sally Hawkins et Carey Mulligan (*) clôt la liste des « A nous les petites Anglaises ».

Ensuite la possibilité de faire des jeux mots : pour le Nouvel Observateur : « partie de cambrousse », pour le Point « un réalisateur satirique », pour CinéFemme « Frears, le trousseur .. d’histoires ».

Enfin un ton comique et enlevé qui laisse supposer (à tort) que chacun des personnages quoiqu’il arrive retombera sur ses pattes parce que la vie n’est qu’un dérisoire "merry-go-round".

Est-ce en raison de ses happy ends invraisemblables que « Tamara … » donne une impression d’inachevé, de virages narratifs hâtivement précipités comme si le réalisateur ne savait pas très bien conclure une intrigue finalement assez veule. Plus empreinte de mélancolie et de lâcheté que de rires et d’ironie.

Après un départ en fanfare et en fanfaronnade, s’installe peu à peu une ambiance de frustration chez chacun des protagonistes. Sexuelle chez les couples mariés, littéraire chez des écrivains qui espèrent d’une retraite-retour-à-la nature un ressourcement, relationnelle chez des adolescentes en crise de vacuité existentielle. Lesquelles, comme les choeurs chez les dramaturges grecs, sont là pour souligner en les exagérant les hypocrisies et coups bas dont sont capables les adultes.

Ne reste pour adoucir les insatisfactions, déconvenues et petites névroses que la campagne.

Celle d’un Dorset aussi connu pour le talent de ses romanciers (Thomas Hardy, Jane Austen, T.E. Lawrence) que pour la beauté de ses paysages que Frears, à l’égal d’un Kim Ki-duk (**), a la bonne idée de décliner durant 4 saisons.

 

Et ce avec une tendresse apaisante qui semble absente du regard qu’il porte sur ses personnages et les rapports immatures et difficiles qu’ils entretiennent.

En recherche d’équilibre entre tragédie et frivolité - « Chéri » du même réalisateur n’est pas loin - Tamara est une adaptation d’un roman graphique de Posy Simmonds dont le style poivré/sucré rappelle celui de David Lodge.

Adaptation portée par des acteurs anglais tous très bons (un bonus spécial pour Tamsin Greig en épouse aussi dévouée que trompée) qui commence par des sourires et se termine dans le gâchis.

 

Elle n’épargne rien. Ni les personnes. Les écrivains y sont traités de voleurs et de menteurs, les pop stars d’idiots et les humains en général de pauvres cloches. Même les animaux, habituellement sacrés dans la vieille Albion ne sont pas épargnés.

On en arriverait à regretter d’avoir éprouvé, en début de film, du plaisir à zygomater.

Inconscients de l’implacable piège qui allait se refermer sur nous : si la vie est une comédie, c’est avant tout une comédie pleine d’amertume et de ...vacheries. (mca)

(*) dont les carrières doivent beaucoup à successivement « Pride & préjudice » de Joe Wright, « Happy-go-lucky » de Mike Leight, " An education” de Lone Sherfig
(**) "Spring, summer, fall , winter and spring"