A BOUT PORTANT

« A bout pourtant » et en plein dans le cœur.

D’une action haletante qui nous tient en apnée durant une heure trente. Dans la meilleure veine des films de William Friedkin (« French Connection »), Michael Mann (« Heat ») ou James Gray (« The yards »)

Avec Cavayé, on cavale. Sa cadence n’est pas le trot, encore moins l’amble mais plutôt le galop.

Celui d’un homme qui doit, pour retrouver sa femme enlevée par « x », livrer aux ravisseurs un gangster recherché de toutes les polices.

Pour donner épaisseur à cette intrigue, deux corps dans lesquels vont se nicher toute l’essence purement physique du film. Deux acteurs très en forme.

Un Roshdy Zem concentré et affûté comme un Greco. Un Gilles Lellouche en nice guy qui surprend par une présence efficace de (presque) tous les plans.

Avec parfois dans l’œil le même étonnement que le nôtre de se savoir tellement à l’aise dans ce genre de rôle habituellement estampillé « US action ».

Ils sont entourés d’une pléiade de seconds rôles un peu figés par la caricature et desquels ressort le second mystère de ce film 100.000 volts.

Où sont passées les valoches de Gérard Lanvin ? Lors de ses premières apparitions à l’écran, elles ont disparu. Gommées par le bistouri ou le savoir-faire d’un chef opérateur ?

En dernière scène du film, elles réapparaissent. So quid ?

Sont-elles revenues pour souligner la fatigue du personnage usé par la guerre interne que se livrent les différents corps de police ?

Reste que « A bout … » est un très bon film de poursuite. Non seulement trépidant mais encore valorisant.

Pour l’image de la femme. A la fois parce que les policières sont présentées comme plus intègres, finaudes et rapides que leurs collègues masculins.

Et à la fois parce que l’amour qu’elle suscite transforme un gentil bonhomme plutôt quelconque en un intrépide zorro. Histoire inversée de celle de "Lola Rennt" de Tom Tykwer dans laquelle c’est une jeune héroïne qui met tout en oeuvre pour tirer d’embarras son amoureux.

Le premier long métrage de Cavayé « Pour elle » abordait déjà et avec la même maîtrise ce thème de l’époux se découvrant des ressources insoupçonnées pour venir en aide à celle qu’il aime.

Est-ce parce qu’il est à l’origine d’une image moderne de « preux chevalier » que le cinéma américain, après avoir adapté cette réalisation primipare - sortie prévue ce 22 décembre sous le titre de « The next three days » (*) - est de nouveau intéressé par le remake de cet « A bout portant » qui redonne au mot suspens sa valeur linguistique de « pas de pause , pas de suspension motrice entre deux péripéties » ? (mca)

(*) avec Elisabeth Banks et Russell Crowe qui reprennent les rôles de Diane Krüger et Vincent Lindon