LES FEMMES DU 6EME ETAGE

Jean-Louis Joubert, au début des années 1960 à Paris, décide à 45 ans (pauvre Luchini qui en fait et en a au moins 15 de plus …) de jeter sa gourme.

Et pas n’importe laquelle.

Sa gourme de bourgeois, agent de change dans les beaux quartiers, marié à une délicieusement coincée et futile Sandrine Kiberlain, homme de droite réactionnaire et « discriminant » par irréflexion.

Cette irréflexion propre à ce type de milieu dit bien pensant (non pensant aurait été plus exact) agrippé à des convictions et préjugés qui semblent aujourd’hui d’un autre âge - mais le sont-ils vraiment ?

Interpellé par la vitalité, la bonne humeur et le courage des bonnes espagnoles de son immeuble, il prend conscience de tout un monde, celui du 6ème étage, dont il ignorait les conditions de vie difficiles insalubres et précaires.

Epinglé au coeur par ses observations (et par la flèche cupidonnienne décochée par la plus jolie des allochtones) Monsieur Joubert se met à repenser le Monde et ses catégorisations sociales.

Comment se fait-il qu’on a tant de peine à entrer et à croire à cette histoire d’un moderne Monsieur Jourdain qui ne fait pas de la prose mais du prosélytisme pour un mode de vie simple ? Allégé des convenances de classe et des comptes en banque bien fournis qui y sont corrélés.

Ce n’est certes pas à cause des actrices. Toutes à l’aise dans leurs personnages.

Mais plutôt à cause d’un Fabrice Luchini dont la systématisation du maniérisme articulaire joint à la prise de poses du parfait ahuri atteint ici un climax qui agace.

Et empêche dès lors d’oublier les fréquents dérapages du scénario vers la caricature - la bande à Carmen Maura a trop de qualités et celle de Sandrine Kiberlain trop de défauts -, une drôlerie parfois un brin trop démago et un optimisme trop affiché.

Alors que chacun sait que l’injustice du XXème siècle n’a fait que se déplacer en ce début du XXIème sur d’autres têtes.

Qui viennent des Philippines, des anciens Pays de l’Est, du Maghreb.

Et j’en oublie sans doute. (mca)