Réflexion citoyenne
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MA PART DU GÂTEAU

Cédric Klapish (France 2011)

Karin Viard, Audrey Lamy, Gilles Lellouche

109 min.
23 mars 2011
MA PART DU GÂTEAU

Quel genre de spectateur êtes-vous ? Glouton, gourmand ou gourmet ?

Si vous êtes du type glouton, courrez voir "Ma part...". Vous ajouterez une unité supplémentaire à votre panier de films non essentiels.

Si vous êtes du type gourmand, vous risquez d’être peu ou prou déçu par cette histoire qui balance entre chronique sociale, comédie douce-amère et rencontre improbable entre "un gars d’en haut et une fille d’en bas".

Si vous êtes du type gourmet, faites la diète. Pour ne pas être déçu par un Klapish très en deça des possibilités auxquelles il nous avait habitués depuis le spirituel "Chacun cherche son chat" ou le regard acéré qu’il portait sur le Monde du travail dans "Riens du tout".

Pour conserver aux mots générosité et responsabilités sociétales leur bon sens et éviter qu’ils ne s’engloutissent dans une mélasse binaire qui oppose d’un côté les bons (qui sont pauvres mais honnêtes et habitent le Nord de la France) et de l’autre les mauvais (qui partent à Venise pour séduire les filles, conduisent leur Cessna et ont comme hochet les up et down du CAC40).

Cette histoire d’une mère-courage licenciée suite à la fermeture, programmée par un trader-immoral, de son entreprise est aussi incrédible qu’ improbable.

 

Parce qu’elle sacrifie à ce qu’il y a de plus lourdement démonstratif dans le 7ème art : la confrontation de personnages dont les particularités sont gommées au profit des symboles qu’ils sont censés incarner.

 

La classe ouvrière versus la clique des boursicoteurs.

 

L’une comme l’autre abordée avec la délicatesse d’un manieur de coupe-coupe et l’absence de recul d’un idéologue aveuglé par une lecture rapide de Karl Marx en milieu germanopratin.

 

Reste néanmoins sur cette "Part du gâteau" la place pour une bougie. Celle d’une Karin Viard, roborative à souhait. Même si elle est, dans ce rôle sans nuance, condamnée à jouer le porte-manteau d’une allégorie, elle le fait avec une énergie qui reste ... soufflante.

 

Si vous n’avez pas quitté la salle à la mi-projection, ne ratez pas la fin du film.

 

Elle présente une cruauté sous-jacente (*) et une conclusion radicale à la lutte des classes qui fait froid dans le dos. (mca)

(*) qui renvoie à la scène de carnage de "Suddenly, last summer" de Mankiewicz (inspiré par la pièce de théâtre de Tennessee Williams) avec la regrettée et aimée Liz Taylor dont la mort a été annoncée pendant la rédaction de cette chronique.