CHEZ GINO

Pizza, mafia. Le couple bancal du dernier Benchetrit non pas récent - le film daterait de 2008 - mais nouvellement sorti du placard-à-oubli dans lequel d’ailleurs il aurait pu tout aussi bien rester - qui lie la réalité quotidienne et bon enfant d’un propriétaire de pizzeria au fantasme auquel il doit satisfaire, passer pour un caïd, pour hériter de la fortune de son oncle italien.

Pour certains pépite comique, pour d’autres film qui épingle avec verve les codes du genre (polar, comédie transalpine, burlesque, parodie, film dans le film ...) pour d’autres encore déclaration d’amour au 7ème art sous forme de références citationnelles et situationnelles (Risi, Monicelli, Tarantino, Scorsese ...), "Chez Gino" est surtout poussif et maladroit.

Qui n’est sauvé que par l’intention du cinéaste de ne pas jouer aux "prises de tête", de laisser au vestiaire la pose mélancolique qu’il affectionne.

Et surtout par la vis comica d’une délicieuse Anna Mouglalis, qui chignon en choucroute comme Joanna Lumley dans la déjantée série télévisée "Absolutely fabulous" fait complètement oublier l’élégante froideur dans laquelle elle avait congelé la relation entre "Coco Chanel et Igor Stravinsky" de Jan Kounen.

Si le réalisateur décide de devenir pizzaiolo - on sait que Samuel Benchetrit est doté de cette faculté de tout oser supposant que le talent est consubstantiel au faire (du cinéma, des romans, des pièces de théâtre ...) - il n’est pas certain que son entreprise soit reprise dans le Gault et Millau.

Peut-être, avec un peu de chance, le sera t-elle dans "Le guide du routard". (mca)