GET LOW

Produit en 2009, « Get Low » arrive seulement sur nos écrans belges. C’est l’occasion de retrouver non sans plaisir Robert Duvall, monument du cinéma américain en pas trop grande forme physique mais avec toutes ces compétences d’acteur au service d’un film mineur et néanmoins plaisant.

En effet, le rôle en question est celui de Felix « Bush » Breazale, un ermite rêche vivant reclus dans le Tennessee depuis quarante années, loin de tout et surtout, des autres. Pourtant, Felix va rejoindre les vivants, justement au moment où il commence à sentir qu’il les quitte pour d’autres horizons. Il décide de préparer une fête funéraire à laquelle il désire assister pour livrer une version inédite de tous les ragots qui circulent à son propos, pour se livrer, voire se délivrer.

Pour mener à bien son objectif, notre homme croise la route de Frank Quinn (Bill Murray, fin), un directeur de pompes funèbres moins véreux qu’il ne le laisse voir, et surtout le jeune Buddy (Lucas Black, à la présence et la prestation plus profondes qu’il n’y paraît de prime abord) qu’il prend sous son aile, identifiant le versant positif de l’homme à ce jeune garçon qui fait ses armes dans la vie. Il retrouvera également le prêtre, qui, il y a de cela quarante ans, a pansé ses plaies physiques, mais qui n’a pu atteindre celles plus profondes qui avaient touché son âme.

Felix est, comme on s’en doute, un faux méchant au cœur meurtri, aux blessures qui l’ont isolé de ceux dont il a pu croiser la route mais avec lesquels il a refusé tout bonheur de partage. Le choix de porter sur ses larges épaules le fardeau de son passé et de sa culpabilité a été le plus fort. Felix y a perdu quatre décennies, à s’auto-punir pour un crime qui très sûrement était au-delà de sa seule portée. La responsabilité qu’il a choisi d’endosser ne suffit pourtant plus à le rassurer pour passer les portes de l’au-delà. Il a besoin de la reconnaissance de son histoire devant les pairs de sa ville, même si peu d’entre eux éprouvent une quelconque sympathie pour lui, préférant croire sans utiliser une once de cervelle les histoires sordides qui circulent autour du vieil homme atypique.

Premier film du réalisateur Aaron Schneider, « Get Low » est un de ses films arythmiques, lents et discrets comme le cinéma américain sait nous les livrer : imparfait, bon et simple. Un film qui a pu voir le jour grâce à l’implication financière et spirituelle d’un grand acteur, Robert Duvall, qui a sans doute trouver de grands échos dans la quête abordée par le film et dans le rôle du vieux Felix. Souhaitons voir ce grand homme continuer ses engagements dans des fresques auxquelles il croit, avec la certitude que sa condition physique et sa santé sont en bien meilleure forme que celles du protagoniste qu’il s’est plu à incarner.

(Ariane Jauniaux)