Coup de coeur mensuel
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Coup de coeurTHE CONSPIRATOR

Robert Redford (USA 2010)

James McAvoy, Robin Wright Penn, Kevin Kline, Evan Rachel Wood, Justin Long

122 min.
16 novembre 2011
THE CONSPIRATOR

« C’est à nous les vivants de nous vouer à l’œuvre inachevée que d’autres ont si noblement entreprise. C’est à nous de nous consacrer plus encore à la cause pour laquelle ils ont offert le suprême sacrifice ; c’est à nous de faire en sorte que ces morts ne soient pas morts en vain ; à nous de vouloir qu’avec l’aide de Dieu notre pays renaisse dans la liberté… »
Abraham Lincoln , Gettysburg Address, 19 novembre 1863

Washington, 1867 un des présidents les plus aimés de l’histoire des Etats-Unis est assassiné. La guerre civile lacère les états confédérés et la cicatrice qui divise en deux le pays est ouverte et sanglante.

Robert Redford met en scène, dans le contexte sombre de l’après-guerre de Sécession, le moment de l’histoire suivant l’assassinat d’Abe Lincoln.

Pendant son mandat la guerre civile déchire la jeune Amérique du nord et la frustration d’un peuple blessé par la guerre éclate en un geste inconséquent : le premier assassinat d’un président américain.

Après « Lions for Lambs » Redford parle à nouveau – cette fois ci d’une manière décidemment plus incisive – de l’histoire d’un peuple relativement jeune.

La mort du Président et le procès des 7 assassins sont l’occasion de revenir , en préambule, sur l’histoire d’une femme Mary Surrat, accusée d’avoir participé au complot.

Cette femme n’est que le reflet des bouleversements politiques, sociaux et psychologiques qui ont marqué et continuent à marquer les Etats-Unis.

Frederick Aken, l’avocat de Mary Surrat et vétéran de guerre, ne croit pas en son innocence. En lui et autour de lui le désir de justice se confond avec la soif de vengeance. La justice, principe fondateur de la nation, est niée et piétinée.

Mais Aken décide d’aller jusqu’au but de sa vocation d’avocat et de soldat voué à la cause (on s’en doutait bien). Et au fil de l’histoire, à travers ses yeux, apparait le mécanisme pervers de l’injustice et de la privation de la dignité. Frederick s’aperçoit que « the American dream » peut facilement devenir un spot publicitaire pour un public payant.

La reconstruction historique est exacte : Redford utilise les actes du procès et les photos de l’exécution de la peine de mort (source Library of Congress) et le résultat est l’immersion complète du spectateur.

Une image qui renvoie à l’Amérique d’aujourd’hui et que Robert Redford accompagne d’une rhétorique parfois trop lumineuse. Comme la lumière de la photographie de Newton Thomas Sigel.
Le choix chromatique correspond au déroulement du récit. L’ajout de l’autochrome contribue à nous replonger dans l’ambiance de l’époque et à créer en même temps la distance nécessaire pour mettre en évidence l’horreur de la peine de mort et l’absurdité d’une justice pliée à la raison d’état.

Redford revient donc avec force sur les contradictions du pays qui s’arroge le droit d’exporter la démocratie avec un film qui parfois se perd dans une rhétorique grandiloquente mas qui reste néanmoins un film solide et bien construit, clé de lecture pour les contradictions du présent.

( Lucia )

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