Docu-bio
3étoile(s) 3étoile(s) 3étoile(s) 3étoile(s) 3étoile(s)

DEUX DE LA VAGUE

Emmanuel Laurent (France 2009)

François Truffaut, Jean-Luc Godard ... et Isild Le Besco

90 min.
2 novembre 2011
DEUX DE LA VAGUE

On les a tant aimés ces deux-là qui ont fait du mot « rupture » le sésame d’un renouveau cinématographique accueilli avec un enthousiasme proche de la ferveur par les adolescents que nous étions au début des années 1960.

Tant aimés et tant appréciés que lorsqu’ils se sont séparés, il était pour nous impossible de choisir son camp parce que ces deux noms, Truffaut et Godard, étaient intimement liés dans nos cœurs par leur audacieuse envie (et réussite) de secouer les cocotiers de la tradition.

Pendant un peu plus de 20 ans, ils ont été amis, complices, se soutenant, se bagarrant pour défendre le cinéma qu’ils aimaient - Hitchcock, Hawks, Renoir …-, pour remettre en cause les critères qui fondaient jusque-là un certaine qualité française - académisme, manque de scénario original, refus du décor naturel …

Pendant 10 ans, ils ne se sont plus adressés la parole, méprisant chacun ce que l’autre était en train de devenir - l’un renouant avec les idéaux d’un certain classicisme, l’autre s’enfonçant dans les chemins a-balisés d’un engagement social et politique de plus en plus radical (engagement que certains n’hésitent pas à qualifier d’abscons fourvoiement)

C’est sur base d’archives télévisuelles, de correspondances, d’extraits de films et de revues, de témoignages d’époque et contemporains, qu’Emmanuel Laurent, épaulé par la rigueur textuelle de celui qui en est train de devenir LA référence en matière de « nouvelle vague », le critique et historien de cinéma Antoine de Baecque, nous propose un récit, tendre, savant et amusé sur ce duo terriblement romanesque.

Que l’on aurait bien vu immortalisé dans un genre cinématographique qu’ils n’ont, ni l’un ni l’autre, abordé : le western à la John Ford. C’est-à-dire pétri d’intelligence, d’émotions et de règlements de comptes.

Cette amitié forte, faite de rivalités, de secrets, d’admiration mais aussi d’insultes et de rancœur nous touche parce qu’elle est à l’image de la vie : complexe.

Comme dans beaucoup de couples, la passion ne résistera pas au temps et aux coups de canifs.

Leur séparation nous laissera orphelins. Tout comme elle a laissé celui dont la présence a tant apporté à leur cinéma, Jean-Pierre Léaud, à jamais déchiré, questionnant et inconsolable.

Il y a maintenant plus de 50 ans que « Les 400 coups » ont médusé le festival de Cannes et que nous nous demandons comme Jean Seberg dans « A bout de souffle » « Ca veut dire quoi dégeulasse ? ».

Et pourtant chaque fois que nous ouvrons un « Cahier du cinéma », le même souvenir nous étreint.

Celui d’un temps ou François et Jean-Luc étaient unis pour défendre en 1968 un Henri Langlois, mis à pied de son poste de directeur par André Malraux alors Ministre de la Culture.

Unis pour défendre ce qui de toute façon a transcendé leur querelle : un 7ème art exigeant. (mca)

(*) malgré toute notre sympathie pour cette jeune actrice-réalisatrice, sa présence de « jeune vestale » vouée à maintenir la flamme de la mémoire frôle sinon le ridicule du moins l’inutile.