Pour un samedi soir
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TRIBULATIONS D’UNE CAISSIERE

Pierre Rambaldi

Déborah François, Elsa Zylberstein, Nicolas Giraud, Gilles Cohen, Alice Belaïdi, ...

102 min.
14 décembre 2011
TRIBULATIONS D'UNE CAISSIERE

Solweig travaille dans un supermarché. Malgré le rappel incessant de son entourage de ce statut-étiquette, cette jeune femme souhaite s’évader et évacue les difficultés de son quotidien en écrivant un blog tout en préservant son anonymat. Un blog dont la notoriété ne fait que croître, et qui finalement, va provoquer pas mal de remous. Ses collègues, ses supérieurs, les diffuseurs médiatiques, chacun est en ébullition devant les tribulations racontées et souhaite lever le voile sur l’identité de la bloggeuse.

 

Pour le spectateur, tout allait bien, ou plutôt moins mal, avant que Solweig ne rencontre Charles, son prince charmant. La première grosse dégringolade du film se produit lorsque leurs yeux se rencontrent. Le film prend alors un tournant contesque au-delà du supportable et la petite crédibilité qui tenait encore à un fil s’évapore.

 

Pourtant il y avait là du potentiel. Celui des acteurs, Déborah François en tête ainsi que des seconds rôles attachants comme ceux de Gilles Cohen en chaperon du prince charmant ou d’Alice Belaïdi comme jeune femme livrée aux aléas de la vie, endettée jusqu’au coup mais qui garde un peps à tout épreuve. Il y avait cela, oui, mais c’est loin d’être suffisant.

 

En effet, la première réalisation de Pierre Rambaldi, inspirée de l’histoire et du livre d’Anna Sam, ne tient pas ses promesses de conte féérique contemporain. Tout, même les tractations secrètes des grands journaux pour dégoter le scoop, est tiré par les cheveux ou traité sur un mode qui, s’il est certes maîtrisé par un cinéaste tel que Jean-Pierre Jeunet, échappe vraisemblablement à Pierre Rambaldi.

 

Ce dernier souhaitait s’inspirer de l’influence de Frank Capra, documentariste américain connu pour insuffler un souffle d’extraordinaire à l’ordinaire, mais navigue malaisément dans un registre beaucoup moins captivant. Les ambitions de ce producteur se mouillant à la réalisation, à savoir celles de voyager entre deux genres, de la chronique sociale à la romance, se brisent avant même d’avoir pu naître à l’écran.

 

Quelques scènes prometteuses laissent entrevoir un autre film, celui qu’il aurait peut-être été possible de voir projeter sur nos écrans. Mais dans la réalité, le potentiel est gâché, le ton est difficilement supportable et le jeu des acteurs laisse parfois à désirer (la palme revenant à Nicolas Giraud). Aucune alchimie, aucune magie, aucune transcendance ne parvient à s’extraire de l’ensemble qui ne décolle pas. Une impression de gâchis plane dans l’air, et c’est bien dommage.

 

Tout n’est pas si noir, bien au contraire, dans ce film. Justement, tout est un peu trop rose bonbon, un peu trop embelli, un peu trop stéréotypé. C’est un film maladroit, plein de gaucherie, mais un film qui essaie, quand même. Un film qui rend tout son glamour aux rayons de supermarchés (belges de surcroît puisque ce sont les couloirs d’une grande enseigne bruxelloise qui ont été prêtés aux équipes de tournage), un film qui essaie (en vain) de faire renaître le conte de fée, mais qui y croit. Alors ne sabrons pas trop vite dans le potentiel de toute une troupe en mal d’inspiration et espérons revoir surgir ce peloton mieux dirigé et ... Ayant retrouvé toute sa subtilité. (Ariane Jauniaux)