Adaptation d’un livre
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LA FEMME DU Vème

Pawel Pawlikoswki (France/Pologne 2011)

Kristin Scott-Thomas, Joanna Kulig, Delphine Chuillot, Ethan Hawke

85 min.
25 janvier 2012
LA FEMME DU Vème

"Nous sommes de l’étoffe dont on fait les rêves" - Shakespaere "La tempête".

Ceux qui ont vu « Summer of love » de Pawel Pawlikoski savent qu’il sait faire des apparences les alliées de son point de vue.

Tendance encore renforcée dans cet étrange « The woman… », adapté du roman de Douglas Kennedy.

Tom Ricks est romancier et américain. Il débarque à Paris. A peine arrivé, il se fait voler ses affaires et vivra écartelé entre deux Mondes séparés par un mystérieux no man’sland.

D’un côté un hôtel sordide à Belleville et de l’autre un bel appartement dans le Vème arrondissement. Pour les relier une aire de jeux dans laquelle il entre en contact avec sa fille qu’une décision de justice a éloignée de lui pour des raisons de violence mal contenue.

Beaucoup de questions dans ce film restent sans réponse. Sommes-nous dans un rêve-cauchemar, dans le brouillon du futur livre d’un écrivain, dans une exploration de fantasmes ?

Dans le dépliement d’une paranoïa, d’un trouble dissociatif de l’identité ?

Dans une panne d’inspiration d’un créateur dont l’esprit s’égare entre angoisse de la page blanche et incapacité de trancher entre deux possibilités narratives.

L’une factuelle, glauque, pouilleuse et proche du polar, l’autre plus métaphysique, fantastique, suspendue entre romance vécue au présent et drames appartenant au passé.

Il y a de la douleur, de la culpabilité et une sérieuse dose de surnaturel dans cette histoire dont le seul élément équilibré est une petite fille (moderne Chaperon Rouge entourée de loups et de succubes ?) que le héros ne peut appréhender, comme si elle était un fantôme, qu’à travers les barreaux d’un grillage, des verres de lunettes ou des lisières de forêts embrumées.

Autant Ethan Hawke donne à son rôle la tension crédible d’un homme perdu dans ses parts d’ombre et labyrinthes émotionnels, autant Kristin Scott Thomas déçoit par la frilosité avec laquelle elle incarne l’ambiguïté de son personnage. Donnant parfois l’impression qu’elle a volontairement choisi de ne pas s’investir dans cette histoire qui, comme un savon mouillé dérape des mains qui l’enserrent, échappe à tout ancrage rationnel.

Film pour le moins singulier, « The woman… », s’il agace ou ennuie parfois, possède une petite musique.

Ni lyrique comme chez Aronofsky ("Requiem for a dream"), ni magique comme chez Lynch ("Eraserhead", "Lost highway")

Juste vénéneuse et morbide qui plaira à tous ceux pour qui voient la vie comme une mise en place désordonnée d’émotions insaisissables et ingérables qui roulent au gré d’un vent plus souvent malintentionné que clément

Les autres passeront leur chemin. (mca)