Bof ...
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CAFE DE FLORE

Jean-Marie Vallée (France/Canada 2011)

Vanessa Paradis, Hélène Florent, Evelyne Brochu, Marin Gerrier, Kevin Parent

1er février 2012
CAFE DE FLORE

« Café de Flore ». Si vous espérez y croiser les grands habitués -Sartre, Beauvoir, Bataille, Queneau, Picasso ... ) de ce bistro du boulevard Saint-Germain, vous resterez sur votre faim.

Si vous vous souvenez de la chanson de la musique éponyme composée en 2001 par Matthew Herbert vous serez moins dépaysé.

Mais tout autant désarçonné par un scénario dans lequel le Monde des vies antérieures est une option explicative à ne pas remiser dans le tiroir des hypothèses impossibles.

A Paris en 1960 Jacqueline élève seule son fils trisomique. A Montréal en 2011, Antoine vient de quitter Carole pour Rose. Existe-t-il des rapports invisibles et transtemporels entre ces personnages ?

« Café de Flore » a des petits côtés charade ou rébus que l’on peut s’amuser à résumer en une formule mathématique dont le produit est … un inceste - si Carole est Jacqueline, Antoine a été avant d’être son époux son enfant.

Même si l’on accepte de faire preuve de la plus grande indulgence pour l’inventivité des créateurs - si l’on marche à « E.T. » pourquoi ne pas adhérer au menu de ce « Café de Flore ? » - l’on peine à entrer dans celle de ce nouveau film, après le très sympathique "C.R.A..Z.Y." de Jean-Marie Vallée.

Sans doute parce que le protocole narratif privilégié par le réalisateur est trop éclaté et confus.

Sans doute aussi parce qu’il croule sous une bande-son très agitée, tangue entre bouffées mystiques et situations dramatiques pour finir sa route dans une impasse due au refus du cinéaste de prendre position - sommes-nous dans le délire d’une femme abandonnée (Carole), une hallucination (*), une tentative de répondre à une souffrance en élaborant à celle-ci une clé de compréhension acceptable ?

A savoir l’hypothèse d’une attraction invincible entre deux âmes sœurs (Laurent et Rose) censée rendre plus supportable le fait d’avoir été abandonnée ?

Refus de prise de position qui finit par irriter parce qu’il laisse le spectateur face à un trop plein de questions ou de sentiments contradictoires.

S’il lui est demandé de lâcher-prise avec le rationnel, pourquoi insister aussi lourdement sur la notion de vouloir donner un sens à sa vie en maintenant à bout de bras et cœur un amour maternel, à la fois puissant et destructeur, qui refuse la fatalité de la différence.

Et qui ne supportera pas l’entrée dans leur fusionnel duo d’un élément tiers.

Pour donner épaisseur et sincérité au personnage de Jacqueline, une saisissante Vanessa Paradis qui a déposé au vestiaire des choses inutiles ses atours-tics-et-tocs d’icône publicitaire pour endosser la démarche, la voix, les gestes d’une jeune femme que seule l’exigence affective fera sortir de son lot de coiffeuse à la vie banale, sans le sou et solitaire.

Pour lui répondre, Marin Gerrier, un bel enfant qui apporte au film une lumière particulière, faite de douceur, de secret, de détermination inflexible.

Et dont la présence justifie l’une des plus belles exhortations de ce film étrange, au goût d’inachevé : quand on fait les choses, faisons-les jusqu’au « au ciel ».

C’est-à-dire de notre mieux, avec hauteur et sans nécessaire reconnaissance ou récompense.

Pour nous y aider, il y a la musique.

"De la musique avant tout" - Verlaine. (mca)

(*) la réalité est-elle donc si dure à affronter qu’il faille la contourner par un imaginaire visuel sophistiqué - thème qui est aussi celui du film "Take shelter" de Mike Nichols qui sort cette semaine sur les écrans. Coïncidence ou reflet de l’air du temps ?