BRUEGEL, LE MOULIN ET LA CROIX

Et le mouvement fut ...

Dans cet ovni cinématographique, expérimental qu’est Bruegel, Le Moulin et La Croix , le réalisateur polonais Lech Majewski tente, par les images en mouvements, de décortiquer et reconstituer les œuvres statiques du célèbre peintre flamand.

Comment exposer à l’écran le processus même de la création ? Par le commentaire de l’œuvre par son créateur : la voix et, surtout, le pouvoir sur l’image exercé par Bruegel (le peintre) et le meunier ( "dieu", sorte d’_alter égo du réalisateur dont la fascination pour les lumières tournant sous l’effet de son moulin rappelle la minutieuse observation d’une pellicule qui défile).

L’idée est originale et le résultat esthétiquement frappant, mais le film pèche cependant par excès de lui-même. Trop de commentaires, tue le commentaire.
Bien que le film ne comptabilise qu’une petite dizaine de lignes de dialogue, la plupart sont superflues, et semblent remettre en cause l’intelligence du spectateur averti. Tout comme son peintre, et son meunier, Lech Majewski est maître de son image, il eut peut-être gagné à ne laisser parler qu’elle.

Au final, Bruegel, Le Moulin et la Croix est un film intéressant pour son concept, sa manière très esthétique de matérialiser un cheminement artistique, pictural et cinématographique. Quiconque cherche divertissement, destinées humaines et intelligibilité totale devra cependant se tourner vers un autre type de cinéma.

Aurélie Waeterinckx