Coup de coeur
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Coup de coeurDANS LA MAISON

François Ozon

Fabrice Luchini, Ernst Umhauer, Kristin Scott Thomas, Emmanuelle Seigner,…

105 min.
10 octobre 2012
DANS LA MAISON

Le dernier film du réalisateur de 8 Femmes ( 2002) et plus récemment de Potiche (2010) nous plonge dans un univers au premier abord simpliste. Celui d’un professeur de français qui enseigne l’art de la littérature à un élève doué en le poussant à continuer l’écriture d’une histoire commanditée pour un devoir. Mais de cette relation professeur-élève va naître une véritable manipulation à double sens. L’élève va en effet dépasser le maître jusqu’à ce que celui-ci se fasse prendre à son propre jeu.

La narration joue sur deux niveaux : celle de l’histoire « réelle » et de l’histoire fictive écrite par le jeune garçon et s’inspirant curieusement de faits réels. Comme le titre du film l’indique, l’histoire fictive se passe principalement dans une maison, celle d’une famille normale, de la classe moyenne. Un espace plutôt réduit d’où va émerger toute l’intrigue qui va se construire, pas à pas, à mesure que se développe le récit. Les limites entre fiction et réalité sont poussées à l’extrême pour installer un véritable suspens presque hitchcockien jusqu’à faire perdre au spectateur tous ses repères quant à la véracité des faits qui lui sont donnés à voir.

François Ozon nous montre plus que jamais dans ce film son goût prononcé et son talent pour la mise en scène. On retiendra notamment une pléiade de références aux différents arts qui lui sont chers et surtout à la littérature. Il nous donne une véritable leçon d’écriture de scénario, de caractérisation de personnages, de l’acte créatif que constitue le cinéma. Tout bon scénariste vous dira que c’est en partant de choses simples que l’on crée de bonnes histoires. Le cinéaste l’a particulièrement bien compris ici car c’est de cette simplicité que va éclore justement toute la complexité de la narration.
 
Pourtant grand absent du palmarès de la dernière édition du FIFF (*), le film a tout de même remporté, à raison, le Coquillage d’or du meilleur film au festival international de cinéma de Saint-Sébastien. Et ce n’est pas sans compter sur la prestation de Fabrice Luchini que François Ozon dirige avec brio.

Le réalisateur a su mélanger avec finesse les ingrédients indispensables au thriller. Le tout parsemé d’une touche d’humour subtile et d’une dose suffisante de perversité et de voyeurisme.

Bénédicte Eïd

(*) La dernière édition du Festival international du film francophone de Namur s’est déroulée du 28 septembre au 5 octobre 2012.