SILENCE

Après avoir appris que leur ancien mentor, Ferreira (Liam Neeson) aurait été contraint d’apostasier, Rodrigues (Andrew Garfield) et Garrpe (Adam Driver), deux jésuites portugais, décident de se rendre au Japon afin de partir à sa recherche. C’est un périple dangereux au cours duquel les deux jeunes prêtres s’aventurent dans un Japon hostile, où l’inquisiteur pourchasse et éradique tout ce qui pourrait avoir trait au catholicisme. Les deux jeunes hommes auront cependant la chance d’être accueillis chaleureusement par des paysans pratiquant leur foi chrétienne en cachette. Mais ils seront également témoins de la torture et de la crucifixion de ceux-ci, ce qui remettra progressivement leur foi en question.

C’est avec l’aide du directeur de la photo Rodrigo Prieto, avec lequel il avait déjà travaillé pour The Wolf of Wall Street, que Scorsese nous offre avec Silence un film d’une beauté filmique inouïe. Loin de la frénésie du monde des traders new yorkais des années 80, Silence nous plonge dans une quête spirituelle au cœur du Japon du 17e siècle. La nature, omniprésente, y joue un rôle crucial et transporte le spectateur par sa splendeur. La bande son est, quant à elle, minimaliste. L’accent est mis sur les bruits de la nature, mais aussi et surtout sur le silence, silence d’un dieu en guise de réponse aux questions d’un jeune prêtre qui se débat avec sa foi.

Loin d’un film moralisateur qui viserait à apporter des réponses ou des solutions, Silence soulève au contraire des questions essentielles à une époque où les guerres de religions font encore trembler la terre. Force est de constater que la foi a toujours été un sujet cher à Scorsese, la vengeance, la rédemption et le jugement étant autant de thèmes récurrents dans sa filmographie. Mais il se pourrait bien que ce soit ici, au cœur du Japon du 17e siècle, loin de New York et loin de notre époque, que nous puissions saisir Scorsese dans son questionnement et son intimité les plus profonds.

Si Silence ne plaira probablement pas au large public, nous ne pouvons que constater que, du haut de ses 74 ans, Scorsese marque encore une fois le coup et nous offre une œuvre éblouissante.

(Astrid De Munter)