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LA CORDILLIÈRE DES SONGES

Patricio Guzmán

Pablo Salas, Jorge Baradit, Francisco Gazitúa, Vicente Gajardo

85 min.
11 décembre 2019
LA CORDILLIÈRE DES SONGES

Avec « la Cordillère des songes » le réalisateur chilien Patricio Guzman termine sa trilogie commencée par « Nostalgie de la lumière » qui se déroulait dans le désert et ensuite « Le Bouton de nacre », brillante réflexion sur l’eau et les multiples manières dont celle-ci nourrit l’histoire des hommes.
Et à chaque fois, que ce soit dans le désert ou l’océan ou comme ici dans les montagnes, Guzman s’interroge sur l’histoire de son pays, la transmission ou non du passé, les crises sociales, la violence qui se répète.

A la question « En quoi la Cordillère des Andes peut-elle aider à comprendre le Chili d’aujourd’hui ? », Guzman répond « Par énormément de manières différentes… Déjà, parce que c’est un mur…. la principale caractéristique du Chili, c’est d’être isolé […] La Cordillère c’est une frontière, une porte peut-être »

Le film alterne des plongées splendides dans les rochers de la Cordillère avec des témoignages
de personnes qui ont un rapport personnel avec la montagne qui les inspire pour parler de leur pays, du passé, de la dictature.

Alors que le Chili est secoué depuis plusieurs mois par une profonde crise sociale, Guzman établit des parallèles avec la politique répressive antérieure : « Dans tous les films que j’ai faits à la suite de La Bataille du Chili (en 1976, ndlr), jusqu’à ce tout dernier film, j’ai pu observer une répression, un manque d’opinion, une limitation de la liberté de parole, une classe intellectuelle très bien lotie et des pauvres de plus en plus pauvres. »

En fait, grâce à la Cordillère qui devient un témoin, Guzman élargit la vision au monde actuel dominé par la rentabilité « Aujourd’hui, au Chili comme partout dans le monde, la misère se transforme. On construit certes des gratte-ciels mais dans des quartiers horribles, sans moyens de communication ni contrôles de qualité »

Les images sont sublimes ; le spectateur s’enfonce dans ces montagnes infranchissables que sont la Cordillère des Andes sur un peu plus de 7000 km et suit avec bonheur Guzman dans sa réflexion.

(Frances Oubeyran)