Drame social
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Coup de coeurVENTO DI TERRA

Vincenzo Marra (Italie 2004 - distributeur : Cinélibre)

Vincenzo Pacilli, Edoardo Melone, Giovanna Ribera

82 min.
31 mai 2006
VENTO DI TERRA

On n’a pas le vent en poupe quand on vit à Secondigliano, une des banlieues pauvres de Naples.

Vicenzo a 18 ans et aucun avenir dans cette Italie du Sud gangrenée depuis si longtemps par une crise économique dont il semble qu’elle n’émergera jamais.(« Certi Bambini » des Frazzi)

Après la mort inopinée de son père et poussé par la nécessité de son nouveau statut de « chef de famille » il s’engage dans l’armée. Cette niche des laissés pour compte qui n’ ont d’autre horizon (si l’on exempte la tentation de la délinquance) que de se subir humiliations, rebuffades et travail inintéressant pour ramener quelques maigres lires à la maison.

La vie quotidienne est âpre et parce qu’il y fait face avec une touchante volonté de bien faire, on se prend de sympathie pour ce jeune homme dont la palette de sentiments vis-à-vis de sa mère, de sa sœur et de ses camarades surprend par sa tendresse et sa candeur.

Vicenzo décide de partir, en qualité de casque bleu, sur un des nombreux champs de bataille qui déchiquetaient à l’époque le Kosovo.

Il en reviendra conscient de la précarité féroce de la vie mais encore confiant en cette croyance qu’on a, à 20 ans, chevillée au cœur que, même moche, l’existence humaine peut être éclairée par le simple fait de tomber amoureux.

Et pourtant c’est sur une note infiniment triste que se terminera ce parcours d’une âme belle et simple rappelant que la guerre a des séquelles qui s’exportent au-delà des lieux de combats.
Que l’aile du bonheur est fugace lorsque le corps qui a été soumis, sans le savoir, à divers émanations toxiques, symptomatise la dangerosité de l’après-coup des armes de guerre moderne.

« Vento di terra » est à la fois proche d’un cinéma militant (sa force est aussi convaincante que le Isao Takahata du « Tombeau des Lucioles » ) social (Vicenzo est, par son milieu d’origine, proche de la plupart des héros kenloachiens) et humaniste (son regard respectueux et doux rappelle celui de Vittorio de Sica lorsqu’il se pose sur ceux que la vie n’a pas gâtés)

Il y a des rendez-vous cinématographiques que l’on est content d’avoir eus.
Rencontrer Vicenzo, rentrer dans son quotidien, le sentir vibrer est l’un de ces moments que l’on emporte comme un précieux souvenir parce qu’il vous a ouvert les portes de l’émotion et de la réflexion. (m.c.a)