Comedie satirique
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THANK YOU FOR SMOKING

Jason Reitman (USA 2006 - distributeur : Cinéart)

Aaron Eckhart, Maria Bello, Robert Duvall

92 min.
27 septembre 2006
THANK YOU FOR SMOKING

Il n’y a pas que la fumée des cigarettes, il y a celle, tout aussi redoutable, des mots derrière lesquels le réel perd de son évidence. Le film démarre sur des chapeaux de roues lorsqu’un cancéreux accroc aux cigarettes s’entend expliquer que l’intérêt de l’industrie du tabac n’était pas de l’empoisonner « puisque les morts ne fument plus ».

Nick (un fascinant Aaron Eckhart) est un charismatique lobbyiste engagé par la firme Big Tobacco pour convaincre ses interlocuteurs que fumer « fait du bien ».

La tactique de ce concepteur de mensonges est simple et directe : faire du « mentir-vrai » cher à Aragon le pivot d’une rhétorique à l’efficacité aussi manipulatrice qu’un prêche de prédicateur sur une chaîne télévisuelle câblée. Importe peu le fait que sa croyance en ce qu’il défend puisse faiblir, puisque son talent est là pour compenser sa perte de foi.

Il y a quelque chose de la grandiloquence de Savonarole dans ses discours dont la logique implacablement huilée et rusée semble ne connaître aucune limite.

Et c’est là que gît la difficulté (parfois) pour le spectateur de s’y retrouver : qu’est-ce que veut Reitman ? Appuyer, par la démonstration grinçante du contre exemple, le discours que la cigarette est un fléau pour la santé ou étendre le débat en pointant la dangerosité d’un métier, celui de lobbyiste ?

Si le but manque parfois de clarté, les moyens pour y parvenir sont réjouissants. On rit beaucoup
du regard à la « Frères Weitz » avec lequel le cinéaste (soutenu par le ton percutant du livre de Christopher Buckley dont il s’est inspiré) écorne le politically correct de son époque.

Son ironie aurait certainement gagné à ne pas être diluée dans les problèmes personnels de Nick et notamment ses relations avec son fils et son ex-épouse mais ne boudons pas notre plaisir au 1er degré.

« Thank you… » est une charge, à la fois joyeuse et vacharde (qualificatif qui lui convient mieux que méchante) notamment lorsqu’elle s’intéresse aux rencontres hebdomadaires des Mod’s, ces modernes cavaliers de l’apocalypse, afin de comparer les dégâts occasionnés par leur commerce d’armes ou d’alcool.

La combinaison d’un propos intelligent et d’une parole drôle devrait assurer au film un label moins répandu qu’on le croit : celui du film grand public réussi. (m.c.a)

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