Comedie satirique
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Coup de coeurBORAT

Larry Charles (USA 2006 - distributeur : 20th Century Fox International)

Sacha Baron Cohen et Pamela Anderson

84 min.
1er novembre 2006
BORAT

Aussi décapant que Charlie Hebdo, grotesque qu’Hara-Kiri ou inconvenant que feu le Professeur Choron, « Borat » enchantera ceux qui ne craignent pas le scatologique, le débridé, le sans limite et qui savent que derrière le tout et le n’importe quoi peuvent se cacher du sens et de l’intelligence.

Borat, présentateur vedette de la télévision du Kazakhstan, part aux Etats-Unis pour y réaliser, à travers des interviews réelles, un documentaire dont les lignes de force pourront servir de modèles au "kazakh way of of live".

Il y a quelque chose de swiftien dans la traversée continentale initiée par ce Gulliver moderne. Même regard acerbe, satyrique (satirique) et décalé. Même approche irrationnelle, abrupte et innocente des choses et des gens. Même ironie et enjouement d’où se dégage, au-delà des apparences coquines et farfelues un constat tragique qui met en lumière le racisme et la monstruosité des Américains qui se révèlent aussi arriérés, antisémites, violents et misogynes que les rustauds de son village natal.

Borat c’est le personnage créé par Sacha Baron Cohen, dans le show à succès « Da Ali G Show » de la chaîne câblée « HBO » connue pour ses séries télévisées inconvenantes et incorrectes (« Sex and the city », « Six feet under »…).

Le comique de Borat, comme l’acide homophonique - acide borique – ne laisse pas intacts les cibles sur lesquels il se distille. Il les déforme, les dissout, les pulvérise pour mieux souligner les multi dysfonctionnements des sociétés occidentales et la folle erreur des communautés émergentes qui veulent leur ressembler.

Le burlesque de Borat est à la fois physique et gestuel, ce qui le rattache à d’illustres ancêtres (Keaton, Hardy), conceptuel et bavard, ce qui lui donne une modernité proche des artistes qui, seuls sur scène, mitraillent tout ce qui bouge : les beaufs et les snobs, les wasps et les colorés, les notables et les cow-boys. Le ton méchant et barnunmesque de Laurent Gerra n’est pas loin.

Outrancier : bien sûr. Drôle : souvent. Vulgaire : parfois. Provoquant : toujours.

Si le film cartonne c’est parce qu’il est d’un naturel qui désarme. Étrangement à l’aise, même dans un maillot à côté duquel le string a le correct d’une soutane, Cohen (*) emballe et embobine le spectateur qui a gardé, du stade anal de son développement, un joyeux souvenir. Ce qui ne semble pas être le cas ni de Monsieur Tokaiev, le ministre kazakh des Affaires étrangères et ni des défenseurs des Tziganes allemands ( !) qui ont porté plainte pour incitation à la haine raciale….Ce qui prouve que le rire, est moins le propre de l’homme en général que de l’individu en particulier. (m.c.a)

(*) espère pouvoir interpréter le rôle de Pignon ( joué par Jacques Villeret) du "Dîner de cons" de Francis Veber.