Tranche de vie
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SHORTBUS

John Cameron Mitchell (USA 2006 - distributeur :

Sook-Yin Lee, Paul Dawson, Lindsay Beamish

102 min.
8 novembre 2006
SHORTBUS

La relation des Américains au sexe a-t-elle, en trente cinq ans, réellement changé ?
En 1971 la sortie du « Ce plaisir qu’on dit charnel » de Mike Nichols soulignait à quel point cette relation était complexe et rigide.
En 2006 ce même rapport présenté par « Shortbus » semble à première vue décontracté, décomplexé et permissif.

Il est vrai que les scènes crues et hard se déclinent avec une rare et souvent réjouissante franchise due vraisemblablement au fait que les comédiens ont, par leurs témoignages personnels, co-scénarisé cette odyssée au sein du bien-être orgasmique.

Mais il n’empêche que toute cette agitation (au bout du compte plus sympathique et acrobatique que pornographique) s’inscrit dans une pensée humaniste ( vaguement new age ?) qui en gomme les possibles aspérités dérangeantes pour mieux en démasquer, sous un ton léger, l’amertume en toile de fond. "Post Coïtum animal triste" filmait déjà en 1997 Brigitte Roüan.

« Shortbus » - c’est ainsi qu’on appelle le bus scolaire réservé aux enfants qui, en raison de leurs handicaps physiques, caractériels ou de leurs facultés de surdoués, sont considérés comme hors-normes – est une boîte de nuit new-yorkaise branchée, refuge non pas de toutes les perversions mais de toutes les libertés. Dont celles des corps qui ne sont en fait que des adjuvants à d autres recherches qui pourraient avoir pour noms tolérance, romance, partage dans un monde qui vit dans l’après coup triste et apeuré du 11 septembre 2001.

Dans son cultissime opus précédent « Hedwig & the angry inch » Mitchell s’en référait, sur un tempo punk-and-roll, au mythe platonicien de l’androgyne, dans « Shortbus » il semble plutôt inspiré par une adaptation corporellement signifiante de « L’art d’aimer » d’Ovide.

Comme certains de ses confrères, Patrice Chéreau « Intimacy », Catherine Breillat « Anatomie de l’enfer » le réalisateur fait du sexe un pictogramme de la modernité tout en n’étant pas dupe
qu’une relation pornographique (*) peut cacher,devenir ou soutenir une histoire d’amour. (m.c.a)

(*) de Frédéric Fonteyne