Bio-fiction
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FUR - an imaginary portrait of Diane Arbus

Steven Shainberg (USA 2006 - distributeur : Paradiso Filmed Entertainment)

Nicole Kidman, Robert Downey jr

120 min.
10 janvier 2007
FUR - an imaginary portrait of Diane Arbus

Diane Arbus : 1923 - 1971. Soit 48 années de vie dont les 13 dernières ont été fondatrices d’un art consacré à la marge.

« Fur » prend le parti pris - et c’est la bonne idée du film -de ne pas décrire ces années, mais de porter un regard fantasmé sur la façon dont Diane Arbus les a abordées.

Fille de riches fourreurs juifs et new-yorkais, épouse d’un photographe de mode et de publicité dont elle est l’assistante, Diane vit corsetée par les convenances de son milieu jusqu’au jour de sa rencontre avec un voisin atteint de pilosité anarchique.

Fort de l’adage qui veut que le disciple, lorsqu’il est prêt, rencontre son maître, « Fur » imaginarise cette singulière mise en face à face d’une jeune femme insatisfaite et d’un esprit libre et original.

On pouvait attendre de Shainberg (dont l’un des oncles était, paraît-il ,un proche de la photographe) l’audace de « The secretary » pour filmer la découverte par une jeune femme de sa fascination pour les parias, les anormaux, les « Freaks » à la Ted Browning ou les personnages du cirque ambulant de « La cinquième colonne » d’Hitchock.

Et de se trouver déçue par un portrait académique, amidonné, esthétisant là on l’on aurait aimé de l’énigmatique, (subtil et nuancé comme dans les « Variations » du compositeur Elgar) et du questionnement artistique. Ceux-là mêmes qui fondent non seulement l’art de Diane Arbus de capter les êtres dans leur identité solitaire souvent monstrueuse ou malchanceuse (les nains, les asilaires, les SDF…) mais aussi la vie puisqu’elle finira par se suicider, incapable de concilier sa fascination pour les « tabous, perversités et mal » (*) et sa propre innocence.

Nicole Kidman, loin du registre sensible et vibrant qui avait fait d’elle dans « The hours » de Stephen Daldry une exceptionnelle Virginia Woolf, peine à s’extraire de l’interprétation classieuse et rigide qui la momifie depuis « The others » de Alejandro Amenabar

Quant à Robert Downey Jr, il a de bien beaux yeux mais ceux-ci ne suffisent pas à donner à sa prestation densité et profondeur. 

Sans la conviction de ses deux acteurs principaux à être dans leur personnage, le film tourne à vide et rappelle combien il est difficile de cerner, sans tomber dans le n’importe quoi, les replis intimes de personnalités complexes et névrosées. Comme cela fut déjà le cas avec la mise à l’écran de la vie de l’écrivaine, Sylvia Plath ("Sylvia" de Christine Jeffs), cette contemporaine de Diane en génie tragique.

Une belle quoique discrète attention est portée au Rolleiflex, cet appareil avec lequel Diane a choisi de travailler. Vraisemblablement parce qu’il demande à celui qui s’en sert de baisser la tête devant son sujet, en forme d’hommage à l’intériorité de celui qu’il photographie. Cette intériorité propre à chacun qui est la sève et le coeur des oeuvres d’Arbus. (m.c.a)

(*) selon les termes de Susan Sontag qui a consacré, dans son « Sur la photographie » des pages éclairantes à la photographe (Ed.Christian Bourgois)