Pour un samedi soir
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MICHOU D’AUBER

Thomas Gillou (France 2006 - distributeur : Victory Films)

Nathalie Baye, Gérard Depardieu, Mathieu Almaric, Samy Seghir

124 min.
28 février 2007
MICHOU D'AUBER

Pour quelles raisons un film dont les atouts sont bien réels - il est à la fois classique et grand public, son thème, l’intégration des Maghrébins dans la province française (*), est intéressant et toujours d’actualité - ne réussit-il pas à capter l’attention ?

Est-ce parce qu’il manque de souffle, avalé par le traitement convenu d’un propos qui l’est tout autant ? Parce que sa mise en scène est sans surprise ?
Ou est-ce parce qu’il rappelle trop d’autres films dont il semble s’être mollement inspiré ? « Le vieil homme et l’enfant » de Claude Berri bien entendu, mais aussi « Le temps des porte-plumes » de Daniel Duval ou encore « Le grand chemin » de Jean-Louis Hubert.

Dans la tourmente des événements de la guerre d’Algérie, en 1960, Messaoud, un petit Kabyle de 9 ans, est confié par son père à un couple du Berry.

Gisèle, une femme discrète à laquelle son mari accorde peu d’attention, rebaptise Messaoud du nom de Michou et lui fabrique une histoire. Seuls moyens, à ses yeux, de cacher l’identité de son petit protégé à un mari, ancien militaire colonial bourru et soupe au lait, et à des villageois pro OAS.

Il y avait là matière à aborder l’ingrate tâche des familles d’accueil - donner de l’affection mais pas de l’amour recommande l’assistante sociale - et les préjugés raciaux qui gangrènent les relations de voisinage.

Si Berri avait ému par la retenue, Duval par la sensibilité et Hubert par la pudeur, Gilou agace
par une niaiserie qui gomme le pathétique d’une histoire réelle (**) qui n’avait pas besoin de cette enfilade de clichés pour tenir debout.

Les bonnes idées du film - même dans un ouvrage de qualité très moyenne, il y en a toujours - sont d’avoir encadré l’histoire des chansons tendres et drôles de Bourvil, et d’avoir confié le rôle de Gisèle à Nathalie Baye. Non seulement sa complicité avec le petit Messaoud est évidente, mais là où elle arrive à captiver c’est par un talent lumineux - dont elle a, depuis longtemps, laissé au vestiaire, le brio et l’esbroufe - qui donne vie à un personnage difficile parce qu’écartelé entre émotion et volonté.

C’est la quatrième fois (***) qu’elle joue avec Gérard Depardieu. Par respect pour les rôles qu’il a naguère magnifiquement incarnés, le silence est encore la meilleure chose qui sied à sa prestation d’un Georges qui ne présente de sympathique que son admiration pour le Général de Gaulle . (m.c.a)

(*) Haneke, dans « Caché », avait, avec infiniment d’intelligence, abordé ce problème des
enfants algériens placés dans les campagnes françaises.
(*) l’assisse du film repose sur l’enfance du comédien Messaoud Hattou (« Généalogies d’un crime », de Raoul Ruiz, « Chouchou » de Marzak Allouache
(***) « Le retour de Martin Guerre » de Daniel Vigne , « Rive gauche, rive droite » de Philippe Labro, « La machine » de François Dupeyron