Drame familial et politique
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A CASA NOSTRA

Francesca Comencini (Italie 2007 - distributeur : Cinéart)

Valeria Golino, Luca Zingaretti, Luca Argentero

91 min.
2 mai 2007
A CASA NOSTRA

Au Sud de la botte italienne, la plus célèbre des Casa Nostra est celle de la mafia.

Au Nord de la péninsule, elle est le miroir d’une ville, Milan, et de son mode de vie, qui sous des apparences plus classieuses, décline la même chaîne de magouilles, de collusions, et de corruptions.

Francesca Comencini utilise sa camera avec l’intention de dénoncer comme le faisait Oriana Fallaci lorsqu’elle se servait de sa plume de chroniqueur au Corriere della Siera pour dresser un portrait sans concession des sociétés industrielles carbonisées par leur obsession du profit.

En gourou à la malfaisance omniprésente, Berlusconi plane sur ce film choral nerveux et mélancolique qui pose sur huit personnages, chacun représentant un échantillon social ou économique de la vie civile, un regard attentif même si, parfois, il manque d’épaisseur et de cette fluidité rigoureuse qui donnaient au film de Rosi "Main basse sur la ville" des allures de pamphlet.

Comme son père, Luigi (*), l’avait fait dans « L’argent de la vieille », la cinéaste décrit la perversion d’un monde gangrené par le paraître, étouffé par son appât du gain, et vicié par les injustices sociales. Contrairement à son père, son constat est plus amer et virulent. Dans la métropole de tous les modernités, tout peut s’acheter, y compris un enfant-fœtus. Tout se négocie sans respect de l’être humain. Tout débouche sur le manque de communication, la solitude et le vide. Vanitas vanitatis comme le constate, avec une lassitude résignée, un des personnages secondaires du film.

Peinture qui se veut sans concession de l’Italie d’aujourd’hui, comme l’était déjà "Mi piace lavorare", " A casa…" même s’il se termine sur un semblant de morale rétablie, n’a rien du « Miracle à Milan » de Vittorio de Sica. Il est plus proche par sa vision désenchantée d’un « Rocco et ses frères » ou de la « Notte » par l’incapacité des hommes et des femmes à se rejoindre par les corps ou les cœurs.

S’il y a quelque chose de plombé dans ce film, ce n’est certainement pas le jeu des acteurs qui donnent à cette mosaïque de rencontres une crédibilité souvent attachante - Valeria Golino notamment est saisissante par son approche toute en finesse d’une femme déterminée dans sa vie professionnelle et désarçonnée dans sa vie privée.

Le manque d’adhésion spontanée et entière au propos serait plutôt à rechercher du côté du fractionnement trop elliptique du récit qui en démanche la cohérence au profit de turbulences anecdotiques parfois inutilement distractives. (m.c.a)

(*) décédé à 90 ans ce 6 avril 2007