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DAVID SUSSKIND - SOIS UN MENSCH MON FILS

Willy Perelsztjen (Belgique 2007 - distribué par le Centre Cinéma de la COCOF)
80 min.
2 mai 2007
DAVID SUSSKIND - SOIS UN MENSCH MON FILS

Après le documentaire consacré à son épouse, Simone, et diffusé en février 2006 sur la première chaîne de la RTBF, après la biographie, dont l’aspect romancé n’exclut en rien l’authenticité du récit, « Le don de Mala Léa » (*) que lui a consacré Vincent Engel, voici, dans la mouvance bien actuelle de l’intérêt du grand écran pour les portraits d’hommes remarquables, selon l’expression de Louis Pauwels, un film sur celui qui, en 1959 et avec d’autres, a fondé le Centre Communautaire Laïc Juif de Bruxelles.

« Sois un mensch … », par son mélange équilibré entre le passé (images d’archives) et le présent (entretiens avec l’intéressé et des proches), est une oeuvre constructive et convaincante. Pudique et délicatement émouvante lorsqu’elle évoque les derniers mots d’une mère à son enfant de 15 ans qui se fait arrêter à Anvers avant d’être envoyé à Auschwhitz, « Sois un mensch mon fils ».

A la fois exigence et commandement, cette exhortation a balisé la vie de David Susskind d’une volonté d’être utile, d’être de tous les combats, toujours ouvert aux valeurs humanistes, toujours passionnément obsédé par la nécessité de faire régner la Justice.

Ni hagiographie, ni panégyrique, « Sois un mensch… » nous livre un regard sur un homme, qui quoique sioniste convaincu, a toujours milité en faveur d’un dialogue entre Israël et les Palestiniens malgré les risques d’être considéré par beaucoup comme un traître. Un homme qui, inlassablement, communique aux plus jeunes ses valeurs de paix et d’ouverture.

Documentaire engagé et humaniste, « Sois un mensch… » est aussi un témoignage sur un être humain plein d’énergie, qui a su, au sortir des horreurs des camps, se reconstituer, se marier et fonder une famille. Tout en ayant la volonté de participer à la reconstruction d’une vie juive non religieuse en Belgique et de mettre sa survie aux services d’une mémoire, celle de la Shoah. Ses forces vives, son intelligence et sa compétence d’homme de loi, il les utilisera pour mener à bien au moins deux luttes : celle ayant pour objet de restituer aux Juifs les biens dont ils ont été spoliés durant la seconde guerre mondiale et celle exigeant le départ du Carmel, d’Auschwitz.

Cet homme volontiers loquace et rieur, souvent émouvant, aime chanter et danser. Il a la certitude que, s’ils sont de bonne volonté, les Israéliens et les Palestiniens peuvent vaincre leurs oppositions. Faisant du « We shall overcome » de Joan Baez, entonné dans son salon bruxellois, par les « ennemis » traditionnels, une moyen-orientale « neuvième de Bethoven ». Ce chant qui, on s’en souvient, est devenu le symbole d’une union entre pays européens autrefois adversaires.

« Suss », comme ses amis aiment l’appeler avec plus de tendresse que de familiarité, s’il regarde derrière lui, peut être apaisé - on n’oserait employer le mot "content" étant donné les drames qu’il a dû affronter. Il a été, sa vie durant, ce que sa mère a souhaité pour lui : un mensch. A la hauteur d’un Primo Levi. (m.c.a)

Ce film sera distribué à l’Actor’s Studio de Bruxelles pour 3 semaines.
Davis Susskind et Willy Perelsztjen seront présents à Liège (cinéma Le Parc) le 3 mai, à Namur (cinéma Forum) le 4 mai, à Mons (au Plaza) le 7 mai et à Charleroi (au Parc) le 8 mai 

(*) Edition Luc Pire