Tranche de vie
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DANS LES CORDES

Magaly Richard-Serrano (France 2007 - distributeur : les Films de l'Elysée)

Richard Anconina, Louise Spzindel, Stéphanie Sobolinski, Maria de Medeiros

93 min.
2 mai 2007
DANS LES CORDES

La « savate » mène à tout. La preuve, Magaly Richard-Serrano, avant de devenir cinéaste, a été deux fois championne de cette forme de boxe qui allie à la stratégie d’anticipation du mouvement une mécanique rigoureuse du déplacement.

C’est sans doute pour cela que son film punche. La cinéaste sait comment elle doit saisir, avec sa caméra, comme elle a dû le faire précédemment avec son corps, la distance à laquelle se tenir de ses personnages autour desquelles elle donne parfois l’impression de danser. Comme Cassius Clay autour de ses adversaires.

Un entraîneur de banlieue, boxé par les difficultés de la vie quotidienne, doit faire face à la rivalité de deux de ses protégées, sa nièce et sa fille.

Evidemment les clichés ne manquent pas (les deux fighteuses ont jadis été amies et complices), les situations familiales sont convenues, les tours de passe-passe scénaristiques plutôt téléphonés. Et pourtant de tout ce répertoire phototypé, s’échappe un manque d’artifices qui donne à « Dans les cordes » une respiration de qualité. Comme celle dont ont besoin les sportives : une inhalation instinctive suivie d’une expiration contrôlée.

Les deux interprètes principales, Louise Szpindel et Stéphanie Sokolonski, sont remarquables.
Richard Anconina s’est réconcilié avec cette part humaine de lui-même qui l’avait (ou qu’il avait) désertée depuis « Le petit criminel » de Jacques Doillon ou mieux encore son personnage de Bensoussan dans « Ciao pantin » de Claude Berri.

« Dans les cordes » se situe, sur la ligne des films qui abordent le thème de la boxe féminine, dans une honorable moyenne. Il n’a pas la résonnance altruiste de « One million dollar baby » de Clint Eastwood, mais il est loin de la vulgarité de « Punch » (Guy Bennett) ou du ridicule de « Honeybee » (Melvin James).

Il lorgne du côté de l’honorabilité du « Girlfight » de Karyn Kusama.
Kasama comme Richard-Serrano, sait restituer en quoi la pratique d’un sport est constitutive d’une quête d’identité de soi et de la place que l’on occupe dans la famille et la société.

Elles font exister entre les mondes que sont les appartements trop petits et les rings au périmètre bien définis un lien d’étroite connexité. Un peu comme s’il n’y avait qu’une porte de sortie à l’exigüité étouffante des premiers : la victoire sur le tapis des seconds. (m.c.a)