Comédie sociale
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VIDANGE PERDUE

Geoffrey Enthoven (Belgique 2006 - distributeur : Cinéart)

Nand Buyl, Viviane De Muynck, Marijke Pinoy

86 min.
14 juin 2006
VIDANGE PERDUE

« Old age is not so bad when you consider the alternative ». aurait rappelé Maurice Chevalier à l’aube de ses quatre-vingts ans. 
L’allégresse du propos n’apparaîtra que peu à peu à peu à Lucien, déjà loin dans cet âge qualifié de troisième et qui depuis la mort de son épouse vit chez sa fille, moins par nécessité matérielle que par une irrésolution paresseuse à retourner vivre chez lui.

Les rapports entre le père plutôt bourru et la fille plutôt récriminatrice sont décrits avec ce réalisme non prise de tête des films largement sponsorisés par la télévision (en l’occurrence VTM) mais qui, par traits bien observés, arrive à capter les différents enjeux posés par le dilemme de savoir quoi faire d’un parent vieillissant.

Résistant à l’idée d’entrer dans une maison de repos (présentée dans un registre moins tonique que celui de Benoît Lamy dans « Home Sweet Home »), Lucien décide d’habiter de nouveau seul.

Porté par ses différentes relations féminines, dont de toutes il apprend quelque chose, Lucien le bougon prendra une décision qui le réconciliera avec ce qui rend la vie intéressante : la générosité et la disponibilité à être dans le moment présent.

S’il peut être reproché à « Vidange Perdue » d’être parfois inutilement xénophobe, aucun reproche ne peut être adressé à son acteur principal, Nand Buyl dont la justesse d’interprétation lui permet de rivaliser au Panthéon des « papys à l’écran » avec le classieux Michel Piccoli « Je Rentre A La maison », le tendre Claude Rich « Le Cou De La Girafe » ou encore le ronchon Walter Matthau dans « Grumpier Old Men »

« Vidange Perdue » n’est pas un film dans lequel le héros se penche, avec mélancolie, sur son passé, à la façon d’un Raymond Carver demandant « Alors as-tu trouvé / Ce que tu voulais dans cette vie malgré tout ?/ ».
Il est un film plus tonique, dans la veine du « Confituur » de Lieven Debrauwer, où ce qui importe c’est l’avenir et la façon de l’affronter sans être un poids pour ses enfants et sans sacrifier son appétence d’autonomie.

Pour qui ne connaît pas bien la « langue » gantoise, l’écouter donne à la réalisation un charme
supplémentaire qui ajoute une couleur acoustique à la bande son. (m.c.a)