Tranche de vie
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FRAGILES

Martin valente (France 2007 - distributeur : Les Films de l'Elysée)

Caroline Cellier, Martine Gillain, Jean-Pierre Darrousin, François Berléand

90 min.
27 juin 2007
FRAGILES

« Fragiles » est un film fragile. Malhabile dans sa construction, faible dans son montage, il manque sérieusement de solidité malgré la présence d’acteurs sympathiques mais dont le talent ne suffit pas à secouer l’apathie qui s’empare, vite et sans espoir de retour, de l’histoire et du spectateur.

Six solitaires se croisent entre Paris, sa banlieue et Lisbonne. Six histoires, mêlant sentiments et émotions, déclinent la difficulté des hommes et des femmes à communiquer, à être sincère dans leurs rapports avec eux-mêmes et avec les autres.

Rien de bien original dans cette mise à plat de vies banales, qui n’offrent d’intérêt (et encore…) que pour ceux qui les vivent, et dans lesquelles chacun peut reconnaître, furtivement, un miroir de son questionnement sur le comment faire de son existence un parcours qui en vaille la peine.

Ce film choral (*) n’échappe pas à ses contraintes : donner une image diversifiée d’une société donnée (la rockeuse, l’inspecteur de police, le pharmacien, la chômeuse, le cinéaste, la femme au foyer), la poser face à ses problèmes (la drogue, la mort, la filiation, la solitude, l’échec, l’âge qui vient…) et l’observer dans ses réponses (la solitude, la dépression, le désarroi, le désenchantement, l’absurdité…).

Si les ingrédients propres au genre sont bien présents, la carence se glisse dans la façon de les lier. Empêchant le puzzle des destinées de prendre forme et cohérence.

Trop de coïncidences font du hasard un deus ex machina auquel on cesse vite de croire dès qu’il devient le cache-misère d’une inventivité en berne. Trop de situations sont esquissées et laissées inachevées. L’approche superficielle des fêlures qui plombent le goût de vivre des personnages ne convainc pas et irrite lorsqu’elle essaye d’enrober de drôlerie le malaise des mal-êtres évoqués.

Il est dommage que le traitement du film, parce qu’il est à la truelle et de ce fait empâte l’attention, fasse perdre de vue ce qui aurait pu être la secrète ossature du film : est-on fragile parce qu’on doute de soi ?

Ou doute-t-on parce qu’on est fragile ? (m.c.a)

(*) Plus proche de Pascal Thomas que de Robert Altman ...