Science fiction
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V FOR VENDETTA

James McTeigue (USA 2005 - distributeur : Warner Bros)

Natalie Portman, Hugo Weavin, John Hurt, Stephen Rea

130 min.
29 mars 2006
V FOR VENDETTA

Que de chemin parcouru en 60 ans depuis le V for Victory d’une Angleterre churchillienne soucieuse de bouter le fascisme hors d’Europe et le V for Vendetta d’un anonyme masqué prêt à tout pour empêcher Londres de tomber sous la coupe dictatoriale d’un Chancelier qui torture et emprisonne quiconque professe une opinion autre que la sienne.

Cet anonyme auto baptisé V, d’après une devise faustienne (*) qu’il a faite sienne menace, à l’égal de Guy Fawkes le 5 (encore un V) novembre 1605, de faire sauter des bâtiments publics symboles de l’autorité au pouvoir.

A première vue « V » apparaît comme un film au message clair : la démocratie est en danger lorsqu’elle devient dépendante de décisions ultra libérales et non concertées.
Mais peu à peu le propos s’opacifie lorsqu’il aborde la dérangeante question de savoir si le rebelle, lorsque sa lutte prend à son tour la pente dangereuse de la violence incontrôlée, est encore un combattant pour la liberté ou s’il devient peu à peu un dangereux terroriste.

« V » n’est certes pas un film politique de la densité des « 3 jours du condor » de Sydney Pollak 

ou de « Conversation secrète » de Francis Ford Coppola mais est-il pour autant un film manipulateur dont le but est moins de faire réfléchir que de fédérer les ingrédients indispensables à tout succès commercial : discours facile, scènes de violence spectaculaire et indignations aisément suscitées (les métis sont reconduits aux frontières, les détenteurs d’un Coran sont condamnés à mort, les lesbiennes sont incarcérées etc…) ?

Un embryon de réponse est peut-être à trouver dans le fait qu’Alan Moore, le Bdéiste à l’origine
du thème de « V » a souhaité que son nom soit retiré du générique de ce film produit par les frères Wachowski, les efficaces réalisateurs des 3 « Matrix ».

L’ambiguïté de « V » est non seulement le fait de dialogues à mi-chemin entre le pompeux et le pseudo philosophique, mais résulte surtout d’ une radicalité démagogique tentant à justifier qu’il n’existerait que des combats justes et peu importe si ceux-ci débouchent sur l’anarchie.

Les prestations d’acteurs méritent d’être soulignées : Hugo Weaving (« V ») pour son travail de voix masquée aussi remarquable que l’était celui de James Earl Jones dans le rôle de Dark Vador, John Hurt pour son discret clin d’œil à l’esprit totalitaire du « 1984 » d’Orwell mis en scène par Michael Radford et last but not least Natalie Portman, dans le rôle d’Evey, une jeune femme capable de mesurer l’ambivalente légitimité du mouvement de résistance auquel elle finit par adhérer.

(*) pour ceux que cela intéresse : « Vi Veri Veniversum Vivus Vici » (Par le pouvoir de la vérité j’ai conquis le monde) (m.c.a)