Drame politico-sentimental
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THE BUBBLE

Eytan Fox (Israël 2006 - distributeur : Cinéart)

Ohad Knoller, Yousef "Joe" Sweid, Daniela Virtzer, Alon Friedman

117 min.
28 août 2007
THE BUBBLE

Au check-point de Naplouse : une naissance.
Quelques mois plus tard, à Tel-Aviv (surnommée « The Bubble ») : deux morts.

Entre ces lieux géographiques, qui sont les alpha et omega du beau film d’Eytan Fox, des liens forts se tissent entre 3 jeunes israéliens et un palestinien.

Noam, le disquaire, Yali le gérant d’un café et Lulu la vendeuse de produits de beauté qui se rêve styliste vivent ensemble. Loin des tensions et violences qui secouent leur ville et leur pays, ils ont envie de s’amuser, d’aimer.

Mais a-t-on le droit quand on a vingt ans (*) à Bubble d’être légers et insouciants, de vivre enfermés dans une « bulle » close sur la réalité d’un monde troué d’attentats terroristes ?

Cette question cruciale, Eytan Fox se la pose et nous la pose, en dé-privilégiant toute prise de position moralisatrice ou idéologique au profit d’un regard généreux mais lucide sur une jeunesse qui estime, que malgré la dureté des temps, elle a droit au bonheur et à la liberté sexuelle.

« The Bubble », s’il partage un point commun - l’envie impossible de vivre en dehors des conflits politico-religieux - avec le récent « Close to home » (**), s’en distingue par son parti pris d’affronter la question du Moyen-Orient à travers une histoire d’amour deux fois transgressive parce qu’à la fois homosexuelle et transfrontialière..

Noam est amoureux d’Asraf. Le Juif et l’Arabe, comme emblèmes de la relation indissolublement faite d’intérêt et de répulsion entre deux nationalités en guerre. Tout comme dans « Free Zone », Amos Gitai réfléchissait les émotions et les questions de trois femmes juives et jordanienne sur les professions de foi militaire de leurs pays respectifs.

« The Bubble » bruisse de vie et de mort. Il sonne, comme la chanson « Les trois cloches » d’Edith Piaf, les moments clefs d’une existence (la venue au monde, la disparition et entre les deux le mariage). Mais il les sonne disruptivement, alternant les tons clairs et sombres, les ambiances frivoles et dramatiques.

On rit, on fume des joints, on rave et on aime à Bubble.
A Tel-Aviv on peut, à tout instant, mourir, victime d’une bombe toujours possible.

Eytan Fox nous le rappelle. Sans fureur et pessimisme mais avec l’aérée conviction que demain
ne sera pas nécessairement le bis repetita d’aujourd’hui si l’on garde espoir et confiance dans la première force vive d’un pays : sa jeunesse.

Eytan Fox a remporté, pour « The Bubble » le prix du Public lors du dernier festival de Berlin. ( m.c.a)

(*) Jean Vautier s’était posé la même question en dans « Avoir vingt ans dans les Aurès » durant la guerre d’Algérie.
(**) de Dalia Hager et Vidi Bilu