KEEPING MUM

On devrait plus souvent suivre ses envies cinématographiques même si aucune critique ou bouche-à-oreille ne semble les justifier.
C’est ce que je me disais en regardant ce petit film sorti un peu à la sauvette et qui se révèle au bout du compte un délicieux moment passé dans un petit village typiquement anglais avec ses vieilles dames soucieuses d’arrangements floraux comme dans un roman de Barbara Pym.

Les acteurs sont tous épatants parce qu’ils jouent, avec un naturel communicatif, dans un registre qui n’est pas d’habitude le leur.

Maggie Smith, en sociopathe dissimulée sous des dehors d’extrême urbanité, est un régal. Elle est comme ces bonbons anglais : leur apparence sucrée vous donne, une fois avalés, la chair de poule.

Kristin Scott Thomas, dont l’élégance et le raffinement sont jusqu’à présent les atouts les plus (et parfois hélas les seuls) exploités, est réjouissante en femme de pasteur mal fagotée, de mauvais poil parce qu’amoureusement frustrée et employant de gros mots avec l’aisance rodée d’une Cameron Diaz.

Patrick Swayze, loin de ses rôles sirupeux, campe un professeur de golf voyeur et priapique avec un aplomb qui met de bonne humeur.

Et - c’est l’étonnement inattendu – Rowan Atkinson abandonne ses facéties grimaçantes et « beanesques » pour endosser avec conviction le rôle d’un pasteur soucieux de peaufiner un discours sur « les voies impénétrables du Seigneur ».

L’ensemble de ce quatuor fonctionne bien, chacun tenant son archet avec une efficacité qui n’empiète pas sur celle de l’autre, portant à fleur de sourires et de quelques éclats de joyeuse hilarité, une histoire a priori macabre.
Genre prisé par nos amis anglo-saxons, maîtres en la matière depuis « Arsenic and old laces » et autres « Ladykillers ».

Cerise sur ce gâteau déjà bien appétissant, une scène de séduction conjugale qui donne envie de se précipiter, une fois rentrés à la maison, sur une (re)lecture du « Cantiques des Cantiques ».

Si vous devez engager une aide ménagère - une gouvernante comme aiment la nommer un peu pompeusement les Anglais – soyez prudents : elles ne sont pas toutes des « Nanny McPhee »… (m.c.a)