Fantastique
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EL ORFANATO

Juan Antonio Bayona (Espagne 2007 - distributeur :A-Film distribution)

Belén Rueda, Fernando Cayo, Roger Princip

100 min.
5 mars 2008
EL ORFANATO

« El orfanato » ou l’orphelinat, un des lieux par excellence du fantasme, du délire, du mystére. C’est-à-dire de ces zones d’espace que chacun peut remplir, combler (attention au double sens) de ses attentes, de ses désirs, de ses peurs - comme l’a encore démontré le très récent et médiatisé fait divers relatif à de macabres découvertes dans l’orphelinat "Les hauts de la Garenne" à Jersey/UK.

Un décor propice au cinéma de genre « fantastico-horribilis » dans lequel les cinéastes espagnols sont en train de se tailler, avec les Japonais (*) une part princière.

Aux mousquetaires de la mise en place, par l’ambiance et la suggestion, d’un climat d’angoisse morbide que sont Amenabar (**), del Toro (***), de la Iglesia (****) et Balaguero (*****) vient se joindre un petit nouveau de 33 ans qui dès son premier long métrage ne démérite pas totalement du quatuor de ses aînés.

Laura revient vivre dans l’orphelinat de son enfance avec son mari et Simon leur fils adoptif. Son intention de transformer l’endroit en foyer pour enfants handicapés va, peu à peu, se transformer en cauchemars.

Ce film hanté par des fantômes et voix du passé présente du moins dans sa première partie un grand atout : celui de ne pas forcer le trait mais de faire monter une atmosphère avec la retenue académique d’un Jack Clayton dans « The innocents » adapté d’une remarquable nouvelle d’Henri James. En français « Le tour d’écrou ».

Ensuite les choses se gâtent. Contaminé peut-être par la nervosité de Simon, les hallucinations des « voyants » et l’hystérie de Laura, le film s’enlise dans un labyrinthique chaos, bruyant et incohérent.

Dommage parce qu’il y avait du cravaché dans cette fable, en laquelle certains veulent lire un rappel de ce que fut le franquisme, mais l’excès de grand guignol de la seconde partie, amorcée par la séance de spiritisme animée par une Géraldine Chaplin toujours très « Cria Cuervos », empêche le film de tenir jusqu’au bout ses promesses.

Emporté sans doute par une accumulation frénétique de clichés « gothiques » (maison abandonnée façon Edward Hopper, portes qui grincent, éclairs lézardant la noirceur des cieux…), le réalisateur fatigue et se fatigue. Ne lui laissant que l’issue d’une fin ambigüe.

« El orfanato » est, paraît-il, le plus grand succès cinématographique de tous les temps en Espagne.

Mystère qui s’ajoute à ceux non décodés du film…qui a néanmoins reçu le bien tangible Grand Prix du dernier festival de Gérardmer . (m.c.a)

(*) Hideo Nakata « The ring I & II », « Deep water »
(**) « The others »
(***) « El labyrinto del fauno »
(****) « El dia de la biesta »
(*****) « Darkness »