Comédie déjantée
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THE DARJEELING LIMITED

Wes Anderson (USA 2008 - distributeur : 20th Century Fox)

Owen Wilson, Adrein brody, Jason Schartzman

91 min.
19 mars 2008
THE DARJEELING LIMITED

Cinquième long métrage de Wes Anderson. Et cinquième réussite si on aime l’excentricité, la folie douce, le décalé classieux, l’insolite qui n’a pas de queue et encore moins de tête.

Après « Rushmore », « The Royal Tenenbaums » et « The life aquatic with Steve Zissou » (*), le réalisateur continue à creuser, avec l’obstination d’un chercheur de pépite dans une région sub aurifère, la veine d’un cinéma qui séduit parce qu’il est dysfonctionnel, improbable et toujours sur la corde raide d’un scénario incertain.

Voué au rythme ternaire de la relation familiale - Royal Tenenbaum a trois enfants -, trois frères qui ne se sont pas revus depuis l’enterrement de leur père, décident de reconstituer la fratrie qu’ils ont été. Ils traversent l’Inde à la recherche de ce trio d’antan et d’une mère - une Angelica Huston délicieusement « out of the material world » - devenue nonne bouddhiste.

Au cours de leur voyage, ils se découvrent un peu moins autistes qu’au départ. Un peu moins crispés sur leurs problèmes personnels - l’un est suicidaire, l’autre plombé par un désir de divorce au moment où il apprend qu’il va devenir père et le troisième très perturbé par une ex relation amoureuse.

Comme si cette odyssée dans un wagon du « The Daarjeling …. », métamophore d’une cure analytique, allait leur permettre de déposer leurs lourdes valises Louis Vuitton, pour repartir allégés de bagages devenus inutiles, vers un avenir qui n’a pas besoin d’être balisé pour valoir le coup (et le goût et le coût) d’être empoigné.

Les gags sont saugrenus et s’ils semblent, parfois (souvent ?) sans rapport avec l’histoire, peu importe. Le train de la vie est ainsi fait qu’il vous emporte - même si vous ne savez pas où il vous mène - parce qu’il est ponctué d’étapes-rencontres au cours desquelles, comme de modernes Siddharta, le trio, plus nickelé qu’infernal, aura rendez-vous avec la souffrance, la mort et la solitude.

Charmant, kitsch comme cette couverture du 33 tours des Beatles « Abbey Road », léger comme
des bulles de savon irisées lancées vers le ciel par une bande de copains (**), avec en toile de fond une Inde de bandes dessinées (hyper colorée et enturbannée), quelques références à Satyajit Ray et à Jean Renoir et une bande son qui doit tout à Ravi Shankar, « Darjeeling » est une bizarrerie qui fera les délices de ceux qui ne sont pas pressés de devenir adultes et résignés à devoir trouver du sens à ce qui leur arrive.

Les autres qui n’aiment que les trips organisés, programmés et sensés auront tout intérêt à délaisser le périple au profit d’une pause devant un … thé noir. Un darjeeling bien sûr. (m.c.a)

(*) A notre connaissance, « Bottle rocket » n’a pas été distribué en Belgique
(**) Wes Anderson aime s’entourer d’un clan. Bien présent depuis ses premières réalisations : Bill Murray, Owen Wilson (coscénariste de ses trois premiers films) et Jason Schartzman (l’excellent Louis XVI du « Marie-Antoinette » de Sophia Coppola) notamment.