Chronique familiale
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LE PREMIER JOUR DU RESTE DE TA VIE

Remi Bezançon (France 2008 - distributeur : Cinéart)

Zabou Breitman, Déborah François, Cécile Cassel, Jacques Gamblin

114 min.
6 août 2008
LE PREMIER JOUR DU RESTE DE TA VIE

Après s’être centré sur un héros unique et atypique dans son premier long métrage [1], Remi Bezançon dresse avec son second opus une chronique familiale. Ce nouveau schéma lui permet de créer une œuvre toute différente, tant sur un plan narratif que formel, puisqu’il s’agit ici d’appréhender un ensemble de personnages.

Il y a le père, la mère et les trois enfants. Chacun avec leurs préoccupations propres, chacun avec leurs joies et leurs tristesses personnelles. Mais chacun faisant partie de ce groupe si particulier qu’est la famille.

Ce lieu, cet espace où l’on est seul et uni, lié et interdépendant, où les gestes des uns influencent les agissements des autres. C’est aussi le contexte qui marque l’enfance et détermine, pour une part au moins, celui que l’on deviendra, une fois parvenu à l’âge adulte.

C’est cet univers ainsi que sa progression au fils du temps que Remi Bezançon capte au travers de la monstration de cinq journées essentielles dans la vie des cinq protagonistes.

Ces cinq jours vont chacun être centrés sur un des membres de la famille en particulier, le posant comme le héros du jour. Ce choix met chaque personnage sur un pied d’égalité, ils ont chacun leur instant primordial, leur moment de gloire où le récit se centre spécifiquement sur eux.

C’est donc un choix narratif intéressant, puisque « Le premier jour… » propose un personnage central démultiplié, parfois un dans le sens de la famille, parfois plusieurs, au niveau de l’individu.

Ce parti-pris narratif entraîne l’adoption d’une structure formelle particulière. On sera en effet confronté à des typologies temporelles très différentes, entre des moments appesantis sur un jour, un moment du jour même et des ellipses vertigineuses entre ces fameuses journées.

« Le premier jour… » a donc le mérite de s’appuyer sur une originalité de forme, ce qui donne à son propos quelque chose de singulier, et du coup, d’attractif.

Il faut de plus saluer la prestation des acteurs, qui, de façon générale, jouent leur personnage avec force et justesse, offrant ainsi à la fiction une épaisseur palpable. Un seul regret : Déborah François, qui n’est pas vraiment crédible en adolescente rebelle, ni en jeune femme responsable, affichant éternellement la même moue distanciée.

« Le premier jour… » reste néanmoins une belle chronique familiale, qui tente au moins de sortir des sentiers battus par ses choix narratifs et structurels.

On ne criera pas au génie, mais on ne peut nier que le film fait passer deux heures agréables et plutôt divertissantes. (Justine Gustin)

[1] « Ma vie en l’air »