Philippe Torreton, Wladimir Yordanoff, Noémie Lvovsky,…
Dans son deuxième long-métrage (*), le réalisateur Vincent Garenq s’attaque à un sujet particulièrement pesant et délicat. Celui d’une des plus grandes erreurs judiciaires de ces dernières années : l’affaire d’Outreau. Adapté du livre « Chronique de mon erreur judiciaire » d’Alain Marécaux, l’un des acquittés du procès, le film raconte l’histoire d’un système judiciaire et de ses dérives, mais aussi, et avant tout l’histoire d’une personne. Le cinéaste semble avoir opté pour une caméra à l’épaule et proche du corps, voulant refléter au mieux les tourments et la psychologie du personnage principal.
Philippe Torreton incarne avec brio et dévotion la descente aux enfers d’Alain Marécaux, arrêté en 2001 et accusé à tort d’actes de pédophilie. Ce n’est pas uniquement par la perte de près de trente kilos – car plusieurs autres l’ont fait avant lui – que l’acteur se conforte dans son rôle, mais également de par son jeu, inspiré par la révolte qu’il a avoué avoir ressentie lors de la lecture du livre de Marécaux, qui donne un aperçu fidèle des états d’âme ainsi que du calvaire qu’a pu vivre l’accusé. Le personnage se construit ou plutôt se déconstruit au fil du récit. Et ce chemin de croix qu’il subit est particulièrement bien rendu par la transformation de l’acteur.
Certaines séquences du procès peuvent paraître parfois trop théâtrales, voire grotesques, mais c’est justement à l’instar de l’affaire elle-même, le réalisateur voulant coller au plus proche de la réalité. Son envie semble respectée non seulement à travers le récit, mais également de par la mise en scène très sobre et sans fioriture.
Ce film poignant et émouvant remet à l’ordre du jour l’injustice vécue par des dizaines de personnes et permet que leur histoire – surtout celle d’Alain Marécaux, à tort ou à raison – ne tombe pas dans l’oubli. Comme l’annonce l’accusé lui-même, ce film constitue « une étape supplémentaire dans une reconstruction abordée depuis l’acquittement » (**).
Bénédicte Eïd
(*) Son premier long-métrage est Comme les autres , une comédie romantique sortie en 2008.
(**) Interview d’Alain Marécaux accordée à France Info le 7 septembre 2011.