Nicole Kidman , Harris Dickinson, Antonio Banderas
Le thème du désir féminin, de ses objets et de ses fantasmes a été souvent traité par le cinéma érotique- On pense au film « La secrétaire » de Steven Shainberg ou à « Basic instinct » de Paul Verhoeven qui, dans les années 1990, a lancé la mode du thriller érotique.
Babygirl de Halina Reijn se situe lui aussi dans la série des thrillers érotiques en mettant en scène la relation torride, malgré les risques et les préjugés, entre une femme d’affaires puissante, Romy (Nicole Kidman) directrice d’une grande entreprise technologique, et son jeune stagiaire Samuel (Harry Dickinson).
Mais Babygirl va plus loin car le film explore le désir à travers le regard entièrement féminin de la sexualité et la dynamique de pouvoir, à l’inverse des codes du patriarcat pour qui la femme doit être celle qu’il veut qu’elle soit.
Coté lumineux : Romy vit dans un monde feutré et lisse. Elle contrôle tout dans cette famille heureuse que nous voyons évoluer dans une belle maison à New York, avec, autour d’elle , Jacob, son mari aimant et séduisant (Antonio Banderas), et leurs deux jolies filles ado sans problèmes.
Coté obscur : dès la première scène d’amour du couple qui ouvre le film, on comprend vite que tout n’est qu’apparences dans cette famille et que Romy PDG est, sur le plan intime, une femme insatisfaite qui, nuit après nuit, simule l’orgasme et court, dés que son mari s’endort, se masturber devant une vidéo sadomasochiste. Romy qui semble tout dominer, sa tenue, son foyer, ses employés, va basculer dans la dépendance le jour où elle va rencontrer son nouveau stagiaire, Samuel.
Dans Babygirl, Il y a bien un rapport hiérarchique mais à l’inverse du film « La secrétaire », le dominant est la femme de pouvoir qui, dans cette relation avec son subordonné , va cependant rentrer dans une dépendance totale vis-à-vis de cet homme qui , en quelque sorte, la fait naitre.
Renvoyant à la société l’image d’une femme riche, puissante, indépendante et épanouie en apparence, Romy va alors se trouver en totale contradiction avec cette image.
Magistrale interprétation de Nicole Kidman qui a reçu la coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine à La Mostra de Venise en 2024 et de Harris Dickinson, révélé dans Sans Filtre de Ruben Öslund, Palme d’or en 2022.
En rupture avec les autres films réalisés par des hommes, Babygirl pose la question suivante : comment la femme moderne qui prend le contrôle de sa vie peut-elle vivre avec ses désirs le plus profonds d’elle-même, les plus obscurs ?
France Soubeyran