BLUE RUIN

Dwight (Macon Blair), un vagabond solitaire, qui a élu domicile dans une vieille berline bleue, voit sa vie chavirer le jour où il apprend que le meurtrier de ses parents a été libéré de prison. Dès lors, il n’aura plus qu’une idée en tête : se venger. Meurtrier aussi déterminé que maladroit, Dwight multipliera forfaits et crimes avec une violence dont la hardiesse n’a d’égale que la gaucherie. 

Si le premier tiers de ce thriller tient ses promesses en nous maintenant suspendus aux agissements d’un personnage aussi attachant que décalé, le reste du film s’embourbe dans le cercle inepte d’une débâcle vengeresse qui offre peu de surprises. D’aucuns ont rapproché Blue Ruin de l’univers des frères Cohen en matière d’humour et en regard du surréalisme humain dont les personnages sont façonnés, mais cette comparaison semblera pour le moins hâtive aux fans de Fargo . Macon Blair réussit indéniablement une excellente performance en conservant la cohérence et la crédibilité de son personnage de la première à la dernière minute du film, mais l’obstination scénaristique qu’impose l’irréversible loi du talion risque d’en lasser plus d’un. 

Les spectateurs qui ont des hauts le cœur à la moindre goutte de sang s’abstiendront également de faire plus ample connaissance avec Dwight, mais ceux qui font d’emblée confiance à la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 2013 adhéreront aux qualités de la réalisation et de la photographie mises en œuvre dans Blue Ruin . 

( Christie Huysmans )