Noémie MERLANT, Will SHARPE, Jamie CAMPBELL BOWER, Anthony WONG, Chacha HUANG, Naomi WATTS
Audrey Diwan est une écrivaine, journaliste, éditrice, scénariste et réalisatrice française d’origine libanaise. En 2021, elle a remporté le « Lion d’or » à la Mostra de Venise pour le film « L’événement » tiré du roman d’Annie Ernaux.
Elle veut à présent réhabiliter « Emmanuelle », héroïne « porno-érotique » des années 70. Elle coécrit le scénario avec Rebecca Zlotowski.
A l’origine, « Emmanuelle » est un roman écrit en 1958 sous le pseudonyme d’Emmanuelle Arsan et qui sortira officiellement en 1967. Ce livre met en avant des sujets bien en avance pour l’époque comme la liberté sexuelle de la femme et l’accès au plaisir pour chacun.e. L’héroïne s’interroge sur la sexualité et sur la liberté. Elle va essayer de trouver des réponses à ses questions dans les livres et dans la pratique, mais jamais par le biais des hommes.
Dans le film de Just Jaeckin sorti en 1974, toute la philosophie du livre a disparu. L’abolissement de la censure par Valéry Giscard d’Estaing va favoriser l’apparition d’une pléthore de films pseudo-érotiques dans les salles de cinéma françaises. « Emmanuelle » en sera et fera plus de neuf millions d’entrées.
« Emmanuelle » était un film réalisé par un homme dans le but d’assouvir les fantasmes masculins. L’héroïne (Sylvia Kristel) est un « objet » soumis à son mari qui va la jeter dans les bras d’une floppée d’hommes et de femmes de tous les âges, dans le but de lui faire découvrir les plaisirs de la chair. Dans un décor érotico-chic thaïlandais, la gentille poupée jouit dès qu’on la touche, sans se poser trop de questions et en obéissant à son mentor.
Fort heureusement, les temps ont changé et les mentalités post me-too également. Audrey Diwan renoue avec la philosophie du livre originel. « Emmanuelle » (Noémie Merlan) est une femme libre bien décidée à contrôler et assouvir ses désirs.
Le décor est planté à Hong-Kong dans un hôtel cinq étoiles. Emmanuelle va y multiplier les expériences sexuelles. Elle séduira un passager dans le vol business class qui l’amène à destination et où les toilettes n’ont rien en commun avec celles des charters pour Alicante. Cette première scène donne le ton.
Ensuite, elle s’adonnera au plaisir avec un couple de touristes, une jeune étudiante asiatique et elle poursuivra de ses assiduités un beau ténébreux aux yeux bridés qui ne semble pas s’intéresser à elle. Dans ce film, tout est luxe et volupté, tout est lisse et joli mais on s’y ennuie presqu’autant qu’Emmanuelle elle-même.
Véronique Mauroy