Comédie sociale
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JE PENSE A VOUS

Pascal Bonitzer (France 2006 - distributeur : Victory Films)

Géraldine Pailhas, Marina de Van, Edouard Baer, Charles Berling, Hyppolite Girardot

82 min.
6 décembre 2006
JE PENSE A VOUS

Bonitzer aime les intellectuels et les hystériques.

Impossible de voir « Je pense à vous » sans multiplier les suppositions people et sans se demander si ses gesticulations langagières définissent un vaudeville à Saint Germain des Prés ou une fantasmagorie en lisière du bois de Vincennes.

Diane est la compagne d’un éditeur, Hermann, qui s’apprête à publier le livre de Worms, l’ancien ami de Diane. Anne, l’ex d’Hermann, réapparaît dans la vie de celui-ci. Diane décide d’avoir une aventure avec le mari d’Anne.

L’artificialité glacée qui circule entre les personnages donne à ce quintet germanopratin la morbidité d’une nouvelle de Schnitzler.

Est-ce la présence de l’énigmatique Marina de Van à la fois comme actrice et co-scénariste qui ombre le propos d’une touche pathologique rappelant que la folie est toujours tapie, inattendue quelque part, prête à fondre quand l’occasion s’en présente sur tout âme qui vive. De Van renoue avec le génie inquiétant de sa prestation dans un des premiers Ozon "Regarde la mer".

A l’opposé de cette incarnation maléfique, une Géraldine Pailhas, (son prénom Di-Anne en fait-elle le double lumineux de la sombre Anne ?) que l’on est content de revoir dans un rôle qui lui permet de mettre en valeur son élégance et sa sensibilité. Elle est de la race de ces actrices - Anne Brochet, Julie Gayet - trop rares à l’écran alors que leur registre de jeux semble infini parce qu’elles ont cette capacité d’effacement qui permet aux cinéastes et aux spectateurs de projeter, sur leurs visages, émotions et sensations.

Il est dommage que le narcissisme des personnages masculins gangrène leurs moments de lucidité conférant à ceux-ci un côté regrettablement bouffon voire grotesque.

Il paraît que « Je pense à vous » emprunte à la querelle Denicourt/Desplinchin, la première accusant le second d’avoir dévoilé des aspects de leur vie privée dans « Rois et reine ».

A ce jeu de dupes, Bonitzer semble s’être laissé prendre. Lui qui voulait avec Christine Angot mener à bien un scénario de film, s’est retrouvé « chosifié » à son insu dans un des ses romans.

L’artiste est-il obligatoirement un profanateur de la vie d’autrui, goule qui se nourrit des amours défuntes, des faiblesses de ceux qu’il a connus ? (m.c.a)