LA CONSPIRATION DU CAIRE

Cinéaste suédois d’origine égyptienne, Tarik Saleh retourne à ses racines et explore sans complaisance l’Islam d’aujourd’hui au cœur d’une Egypte sous pouvoir dictatorial. S’inspirant du livre d’Umberto Eco "le Nom de la Rose", où au Moyen Âge, controverses religieuses et mystérieux assassinats cohabitent dans une abbaye bénédictine, le réalisateur recrée à l’université Al-Azhar du Caire, lieu central du culte sunnite, tout un univers complexe d’intrigues politiques et religieuses en évitant clichés et stéréotypes.
Adam, fils de pêcheur, obtient une bourse pour la prestigieuse université. Venu du monde rural, lentement ses yeux se dessillent. Le grand Imam décède subitement et les événements se précipitent. L’université est truffée d’informateurs envoyés par le gouvernement et aussi par les Frères musulmans. Une lutte s’engage pour la succession du Grand Imam. Palais gouvernemental et Grande mosquée s’affrontent. Par une suite de circonstances, Adam devient informateur des forces gouvernementales. Assassinats, manipulations diverses, services de sécurité omniprésentes, Tarik Saleh construit un thriller magistral d’une intensité rare où dans l’enchevêtrement des événements, au gré des volte – face, certains commencent à s’interroger, entre visions éclairées et obscurantisme.
N’ayant pu tourner au Caire, c’est dans la Mosquée de Soliman Le Magnifique à Istanbul que le tournage a eu lieu, une architecture de toute beauté, comme une scansion rayonnante.
Le film a reçu le prix du scénario au 75e Festival de Cannes.

Tessa Parzenczewski