Comédie stylée
3étoile(s) 3étoile(s) 3étoile(s) 3étoile(s) 3étoile(s)

LA FÉE

Fiona Gordon, Dominique Abel et Bruno Romy (Belgique/France 2011)

Fiona Gordon, Dominique Abel et Bruno Romy

94 min.
28 septembre 2011
LA FÉE

Et si elle sonnait à votre porte en se présentant ainsi « Bonjour, je suis une fée. Vous avez droit à 3 vœux » que demanderiez-vous ?

Les films à la fois drôles et poétiques ne courent pas les écrans. Ils les courent encore moins lorsqu’ils mettent en scène pour la troisième fois les mêmes personnages, Dom et Fiona, avec autant de finesse dans le burlesque, d’équilibre dans la marginalité et de tendresse dans le regard.

Dans « L’iceberg » Fiona quitte Dom par envie de grand Nord, dans « Rumba » elle forme avec lui un couple résistant à tous les aléas prévisibles et imprévisibles, dans « La fée » elle fait sa connaissance et il en tombe amoureux.

De toute façon comment ne pas tomber amoureux de cette actrice qui a fait de son atypique physique un atout de séduction.

Une séduction globale qui mêle à la fois aisance physique et incroyable douceur d’expression.

Campée sur des gambettes que pourrait lui envier Olive, la fiancée de Popeye, Fiona peut tout faire : des pirouettes, du tricot, du shiatsu, de la danse sous eau, la folle et même un enfant - elle n’est pas une fée pour rien.

Elle sait nous inciter à redécouvrir derrière la banalité de l’existence de l’enchantement ou du mystère - ce qu’a su faire dans certains de ses romans (« Stupeur et tremblement » par exemple) cette autre décalée du quotidien : Amélie Nothomb.

Il y a du rêve, de la fraîcheur, de l’optimisme, de la candeur dans les films du duo Abel/Gordon.

Et pourtant l’impression de nonchalance qui s’en dégage est parfaitement sous contrôle de partis pris scéniques et narratifs élaborés. 

Peu de place à l’erreur (quelques faux raccords peut-être) dans ces pantomimes loufoques et saugrenues.

C’est par la rigueur, un calibrage serré du tempo, de sérieuses coupes sèches dans les dialogues, une mécanique esthétique qui ne laisse (presque) rien au hasard (*)(ni couleurs, ni utilisation de l’espace, ni rythme) que le spectateur est invité sur le chemin de la fantaisie et du rêve.

Ces deux là - en fait il s’agit d’un trio car Bruno Romy fait partie de tous les « trips » - savent que le bonheur est souvent cocasse, le temps carnivore et l’amour délicat.

Ils savent aussi que la sincérité, la capacité de faire sourire et de faire rêver sont des ingrédients précieux.

Qui apportent à ceux qui vont au cinéma ce qu’ils ont envie d’y trouver : une rupture d’avec la réalité, une envie d’être charmé.

D’être emporté dans un ailleurs où les catastrophes sont mâtées par l’humour et dans lequel les fées sont des femmes comme les autres : un peu déjantées, un peu imparfaites, un peu magiques.

Mais toujours très déterminées à rendre ceux qu’elles aiment HEUREUX.

« La fée » a ouvert lors du dernier festival de Cannes la Quinzaine des réalisateurs. (mca)

(*) comme chez Jacques Tati avec lequel il partage une certaine « névrose » méticuleuse.