Comédie sociale
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LA TRES TRES GRANDE ENTREPRISE

Pierre Jolivet ( France - distributeur : Alternative Films)

Roschdy Zem, Marie Gillain, Jean-Paul Rouve, Adrien Jolivet

102 min.
5 novembre 2008
LA TRES TRES GRANDE ENTREPRISE

Une usine en arrière fond, des cheminées effilées qui peuplent un ciel encombré de nuages gris, une eau trouble qui encercle le lieu. C’est le décor d’ouverture de « La très très grande entreprise », situation initiale plantée rapidement, au travers d’un générique efficace.

Ce qui intéresse Pierre Jolivet ce ne sont pas pas les dégradations que l’usine en question engendre, mais bien l’impact que ces dernières ont sur les habitants voisins. Lorsqu’ils se retrouvent avec un dédommagement dérisoire comparé au préjudice que l’usine leur a fait subir, une poignée d’entre eux décident de se rebeller et d’aller à la maison mère située à Paris pour trouver d’autres preuves des méfaits du groupe. 

Ce nouveau film de Pierre Jolivet fait écho à une de ses précédentes réalisations qui traitait elle aussi de l’univers de l’entreprise, « Ma petite entreprise », excepté que dans ce nouvel opus, le réalisateur touche au pôle négatif de ce que cela peut représenter : la mondialisation, avec pour corollaire, l’exploitation de l’humain.

S’il prend le parti de dénoncer les abus de pouvoir d’une grosse société, le réalisateur ne le fait pas pour autant avec lourdeur et désarroi. Au contraire, c’est sous l’angle de la comédie qu’il aborde cette thématique, en suivant le parcours de quatre irréductibles qui refusent de se laisser manipuler par ce système qui les dépasse et s’improvisent agents secrets le temps de trouver de nouvelles preuves accablant l’entreprise qui les a floués.

Ce choix de point de vue léger lui permet de toucher aux pires injustices commises par ce type de société uniquement intéressée par le profit échevelé sans sombrer dans le stéréotype ou la caricature. Ce sont les personnages qui intéressent Pierre Jolivet. Il examine comment ces derniers se débattent avec un pouvoir aveugle et déterminé, comment la solidarité qui les lie parvient à les rendre plus forts que n’importe quelle société au Monde.

Usant de stratagèmes dignes d’un James Bond de pacotille, nos quatre innocents s’immiscent peu à peu dans les méandres et couloirs de l’entreprise, pour débusquer les secrets qu’elle couve. Parallèlement, chaque protagoniste opère un trajet personnel dans son propre vécu. On les observe évoluer, muer vers un autre état. L’épreuve qu’ils traversent ensemble les métamorphose, comme elle leur permet de se découvrir réellement.

Pierre Jolivet use d’une mise en scène simple, se jouant de temps à autre des codes du cinéma d’espion pour ancrer l’humour au sein même de l’image. Il a la capacité de pousser ses acteurs à un jeu simplement honnête et juste. Un jeu qui pousse à l’empathie sans entraîner dans la pitié. Tant Roschdy Zem, Marie Gillain, Jean-Paul Rouve qu’Adrien Jolivet touchent et émeuvent par leur naturel.

Et c’est un bon moment que nous fait passer Pierre Jolivet avec ce nouvel opus, réalisant un film engagé sans être oppressant, une vision de l’entreprise qui, malgré qu’elle en dénonce les déviances et abus, reste positive, parce qu’elle prouve qu’il y reste encore un place pour l’humain, à condition d’y croire et de se battre. (Justine Gustin)