Chronique sentimentale
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LA VERITE OU PRESQUE

Sam Karmann (France 2007 - distributeur A-Film distribution)

Karin Viard, André Dussolier, François Cluzet, Sam Karmann

95 min.
3 octobre 2007
LA VERITE OU PRESQUE

Il y a, grosso modo, deux genres de films. Ceux qui parlent de survie et ceux qui parlent de la vie sans nécessité de survie.

Dans les premiers, aux nombreuses sous déclinaisons (*) les personnages s’agitent, s’échinent à trouver une solution à leurs difficultés concrètes, matérielles ou psychologiques.

Les problèmes viennent à eux alors que, dans les films de post survie, les héros repus, embourgeoisés, "garfieldisés", s’ennuient et se créent des problèmes.

Problèmes qui depuis Feydeau se sont peu renouvelés. Les adultères, mensonges, alibis font toujours recettes.

Lyon cette année. Des hommes et des femmes se rencontrent, s’évitent, se rapprochent. Parlent beaucoup mais communiquent peu. Il y a Anne, une productrice de télévision, mariée à
Thomas qui a une certaine tendresse pour Caroline, la jeune femme de Marc l’ancien mari et présent amant d’Anne.

Cette quadrature du cercle est remise en question par l’arrivée de Vincent dont l’ambigüe et naturelle séduction va inciter chacun des protagonistes à se positionner plus « maturément » par rapport à lui-même et à ses sentiments.

Pour son troisième film, Sam Karmann s’est inspiré, comme dans son neurasthénique « Kennedy et moi », d’un livre de Stephen Mc Cauley (**) qui examine, avec une causticité dont on trouve peu de trace dans « La vérité… », les chassés-croisés entre envie sexuelle pour son prochain et scrupules à y céder.

De ce brouhaha sentimentalo-libidinal, pétri par un bel accompagnement jazzy, suinte une mollesse formelle et la consensuelle certitude que seuls l’hypocrisie ou le non-dit permettent les relations entre gens de « bonne compagnie ».

Regard mélancolique sur ces entrelacs amoureux (« on peut aimer pour toujours mais pas tout le temps » ) « La vérité…. » renvoie une image douce-amère d’ adultes qui jouent avec le faux-semblant comme les enfants le font avec un ballon.

Ballon d’air nécessaire à la santé des couples et des familles ? André Dussolier, égal à lui-même c’est-à-dire excellemment sensible, est le seul à le relancer avec une évidence faite de charme,
de liberté et d’élégance qui fait de lui un des meilleurs acteurs français. D’aujourd’hui et d’hier. (m.c.a)

(*) de "The gold rush" de Charlie Chaplin à "Rosetta" des frères Dardenne
(**) paru en 10/18 - collection « Domaine étranger ».