Camélia Jordana, Daniel Auteuil, Yasin Houicha…
Tourné dans les cités de son enfance, à Créteil, le 5ème long-métrage d’Yvan Attal nous raconte une histoire qui est un peu la sienne. Une sorte de conte de fées sous les traits d’une comédie socio-politique. « Le Brio » nous parle surtout de la rencontre choc entre deux mondes, ou, la possibilité de décloisonner deux cultures au sein d’une même société.
À bord d’un RER, nous suivons Neïla Salah (Camélia Jordana), jeune beurette banlieusarde au répondant acéré et fraîchement inscrite en droit dans la très réputée Université Panthéon-Assas à Paris, dans un parcours où elle devra faire preuve de maturité pour relier deux existences a priori incompatibles. D’entrée de jeu, elle est la cible des railleries provocatrices et racistes d’un de ses professeurs, Pierre Mazard (Daniel Auteil), dont le délire semi-intellectuel et chauvin à craquer, lui vaudra de passer en conseil de discipline. Une seule solution s’offre à lui : former Neïla pour qu’elle représente l’Assas au concours d’éloquence.
Le brio désigne donc cet art fascinant de la parole, talent ou virtuosité : là où comédiens et acteurs du barreau se confondent. L’apprentissage amène les deux antagonistes à devenir un duo comique. Cela se veut cocasse et tendre à la fois, mais force est de constater que la relation fille rebelle – prof réac s’essouffle jusqu’à perdre tout intérêt.
Les scènes les plus réussies se trouvent dans l’intimité, en banlieue, tantôt entre amis, tantôt en famille, lorsque Neïla se retrouve avec sa mère et sa grand-mère. Emotionnellement chargés, ces moments sont aussi d’excellents défouloirs où la parole simple et vivace tient une place primordiale et où l’éclat de rire est garanti.
Pourtant, et malgré cette charge réaliste, on ne peut s’empêcher d’y voir une leçon d’assimilation en direction d’une « certaine jeunesse qui ne se remet pas en question ». Et puis, pourquoi avoir mis en guise d’introduction des extraits de quatre grands sages du langage (Serge Gainsbourgh, Claude Levi-Strauss, Jacques Brel et Romain Gary) ? Cela sonne comme un mauvais présage, un emballage qui ferait preuve de qualité… Aux bons sentiments vient s’ajouter une résolution carrément bateau. Quel dommage d’être tombé dans le piège de la bienséance, celle qui réunit tout le monde dans le meilleur des mondes. Là où les princes charmants sont des chauffeurs Uber qui parlent comme des textos d’ados, pleins de fautes de grammaire, mais dont le cœur n’a d’égal que le courage.
Alors bon, Le Brio étincelle par petits moments, se laisse agréablement regarder, mais « ne casse pas des briques » !
(Luz)