Sara Forestier, Jacques Gamblin, Zinedine Soualem
« Le nom des gens » et le « Oui des spectateurs » à ce film tonique qui s’adresse autant aux envies de rire que de réfléchir d’un public aimant aller au cinéma pour se divertir sans avoir l’impression de perdre son temps.
Avec cette comédie, le deuxième long métrage de Michel Leclerc (*), la preuve existe que l’amusement intelligent n’est pas une vue de l’esprit.
Mais une réalité qui, lorsqu’elle allie brio et humour, légèreté et pertinence, donne aux sourires ce petit plus tissé de connivences avec un réalisateur qui pose sur l’époque un regard égratigneur et moqueur.
Qui rejoint le nôtre face à une société où la politique, qu’elle soit de gauche ou d’ailleurs, est non seulement impuissante à offrir solutions aux questions de notre époque (politique sécuritaire, immigration, sectarisme religieux) mais encore suffisamment sournoise pour susciter des problèmes (identité nationale, port du voile) qui resteront sans réponse.
Elle s’appelle Bahia (**), elle est arabo-française et a tout de la pétulance extravertie de la ville brésilienne dont elle porte le prénom. Il s’appelle Martin, il est juif et semble avoir tout des hommes de droite qu’elle espère convertir à des idées plus fraternelles en ayant avec eux une liaison.
« Le nom… » est une romance amusante. Il n’a pas la prétention de se présenter comme une vignette politique ou un pamphlet social et c’est dans cette modestie qu’est à rechercher ce qui en fait son intérêt.
Dénoncer avec truculence les duretés, contradictions et absurdies du monde dans lequel nous évoluons et auxquelles nous risquons de nous habituer. Par paresse, facilité et indifférence.
« Le nom … » n’est pas une bombe qui vise à lasériser le paysage français de ce début de XXIème siècle, il est juste - et c’est déjà pas mal - un coup de pied dans une termitière de tabous qui risque d’anesthésier l’un des piliers de la démocratie : la vigilance citoyenne.
Des acteurs convaincants, des dialogues pétaradants, quelques scènes drôles venant réveiller un scénario parfois somnolent et consensuel, un sentimentalisme assumé comme garde-fou à la tentation du cynisme et last but not least l’apparition - plus malicieuse que celle Bernadette à Lourdes - de Lionel Jospin font de ce « Nom… » un film qui percole.
Un film qui réjouit.
Qui rappelle, par étincelles, que Nanni Moretti n’a pas le monopole du métissage entre la volonté d’ironiser et celle d’épingler les travers du temps. (mca)
(*) aussi coscénariste de "La tête de maman" de Carine Tardieu
(**) homonymie sans aucune doute voulue avec la coscénariste du film : Baya Kasmi.