Clovis Cornillas, Marie-Josée Croze
« Le nouveau protocole » ou un (presque) nouveau mauvais rôle pour Clovis Cornillac.
Qui a pour excuse, plus encore que circonstance atténuante, de jouer dans un film qui, lorgnant pesamment vers le thriller politique, sabote le réalisme dont il se veut porteur.
Malgré son scénario alléchant - mettre en question l’honnêteté des laboratoires pharmaceutiques lors de la procédure vérificatoire à laquelle sont soumis les médicaments avant leur sortie sur le marché – « Le nouveau… » pèche par une mise en scène qui dilue l’acuité de son propos dans un mic-mac de rage paternelle, de courses poursuites, de scandales financiers liés au monde de la recherche médicale.
Et de dénonciations de tests cliniques mettant en jeu la vie de jeunes enfants du tiers-monde.
La vie de Raoul Kraft bascule le jour de la mort de son fils dans un accident de voiture. Sa rencontre avec une altermondialiste, passablement hystérique - Marie-Josée Croze qu’on a déjà connue plus en forme - l’amène à se demander si cette sortie de route est due au hasard ou aux effets secondaires d’un médicament testé pour une multinationale.
Sans avoir la force d’une série B américaine, ou l’élégance accusatrice de Fernando Meireilles dans son adaptation de « A constant gardener » de Graham Greene, Thomas Vincent lève un lièvre déjà épinglé par le directeur de la maison d’édition « Les empêcheurs de tourner en rond », Philippe Pignarre, dans sa remarquable étude « Comment la dépression est devenue une épidémie » (*).
Ou comment les industriels du médicament ont tout intérêt à élargir les définitions des maladies pour justifier l’efficacité et dès lors la rentabilité espérée du médicament qu’ils mettent au point.
Dommage que cette mise en coupe d’un système, qui fait partie de la violence capitaliste de nos sociétés, se déploie avant tant de lourdeur, d’emphase et de fièvre paranoïaque.
Un peu plus de finesse et de mesure dans le traitement du sujet aurait sans doute éviter au spectateur de très vite se désintéresser d’une intrigue gonflée de grotesque et d’extravagance. (m.c.a)
(*) Parue aux Editions La Découverte