Biopic
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MISS POTTER

Chris Noonan (USA 2007 - distributeur : KFD)

Renée Zellweger, Ewan McGregoe, Emily Watson

92 min.
4 avril 2007
MISS POTTER

Comment s’accommoder de la tristesse inhérente à la condition humaine ? A chacun son remède.

Pour Montaigne, il n’y a pas de chagrin qui résistait à une heure de (bonne) lecture.
Pour d’autres, plus modestes dans leur exigence mais tout aussi convaincus de la nécessité d’être distrait de soi, pour retrouver à la vie quelque charme, s’intéresser à une histoire de Beatrix Potter réconcilie avec ce que l’existence a de bon et de simple.

Miss Potter n’a pas seulement été la géniale créatrice d’un univers bucolique et animalier dont les héros ont pour nom Peter Rabbit, Noisette l’Ecureuil ou Madame Trotte-Menu (*) elle a été aussi, en cette fin d’une Angleterre victoriennement corsetée, une espèce d’OVNI.

A l’époque où le seul avenir convenable et concevable pour une jeune femme de famille aisée était le mariage, Béatrix Potter s’est imposée comme une avant-gardiste soucieuse avant tout de sa liberté d’artiste.

Femme de tête et d’action, elle devient célèbre, malgré les oppositions d’une mère à l’idée que sa fille puisse gagner sa vie, en séduisant les enfants et les adultes qui n’ont pas renié leur âme de galopin(e), par des dessins à la fois excentriques et fidèles à un monde animalier observé avec autant d’imagination que de pertinence naturaliste.

Ses histoires, elle les veut modestes, justes et écrites dans une langue parfaite qui ne fera pas l’impasse sur les difficultés de la vie ou des relations entre les êtres.
Cette étonnante jeune femme aura même l’idée novatrice d’exiger que ses livres soient publiés en format « de poche » pour être plus facilement maniés par de petites mains.

« Miss Potter » est plein de bonnes idées, gentilles sans être niaises, et de personnages, qui parce que présentés avec bonté et chaleur, acquièrent cette faculté rare de s’améliorer au fil du récit.

Chris Noonan a la « magic touch » pour réveiller, comme il l’avait fait avec « Babe, le cochon-berger » la fibre innocente qui gît en nous, trop souvent recouverte par les ignominies d’un monde qui tient à distance notre humanité.

La séduction de ce film repose principalement sur les épaules de Renée Zellwegger (dont les joues « pommes d’api » mettent en joie sans savoir pourquoi) et d’Ewan McGregor, l’un et l’autre au mieux de leur talent.

La beauté des paysages de la région des Lacs, dans le Nord de l’Angleterre, permet de comprendre, sans pesant discours, la fibre écologiste de l’artiste qui, jusqu’à la fin de sa vie, luttera pour la protection de l’environnement.

Sans avoir la baguette magique de son descendant imaginaire, le jeune sorcier Harry P, Miss Potter a néanmoins, elle aussi, conquis le monde par la grâce de ses pinceaux, de ses couleurs
douces qui redonnent tendresse et cocasserie à un univers trop souvent dépourvu d’amabilité et de considération pour autrui. (m.c.a)

(*) Les 23 contes de Beatrix Potter viennent d’être ré-édités chez Gallimard en collection Jeunesse