Drame intimiste
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RABBIT HOLE

John Caleron Mitchell

Nicole Kidman, Aaron Eckhart, Miles Teller, Diane Wiest, Sandra Oh, ….

91 min.
13 avril 2011
RABBIT HOLE

« Rabbit Hole » est la transposition sur grand écran d’une pièce qui a connu une belle carrière sur les planches et été primée à plusieurs reprises. C’est surtout l’histoire d’un couple, Rebecca et Howie, aux valeurs nobles, brisé par la disparition de leur petit garçon happé par une voiture dans sa plus tendre enfance plusieurs mois auparavant.

Le travail du temps fait son œuvre, rythmant leurs journées. Chacun traverse les épreuves nécessaires, pour grandir à nouveau et surmonter le deuil.

Autour de ces parents endeuillés gravite la vie dans ses plus multiples facettes. Il y a d’abord la famille de Rebecca, sa sœur qui fêtera bientôt l’arrivée d’un nouveau membre dans la famille et sa mère, qui ne cesse d’assimiler l’épreuve de sa fille à celle qu’elle a elle-même traversée avec un fils héroïnomane. Celle-ci, lorsque sa fille s’enquière auprès d’elle de la possibilité pour la douleur d’un jour disparaître, possède sa propre réponse : elle ne disparaît pas. Jamais. Et c’est très bien comme cela.

Il y a aussi ces étrangers au cercle familial, si semblables dans leur tourmente, telle la participante du groupe de soutien des parents endeuillés faisant face à une séparation sentimentale et qui entrouvre d’autres possibilités pour Howie ou encore cet adolescent dont la voiture est entrée en collision avec le petit garçon qui se dépêtre entre acceptation et culpabilité.

D’ailleurs, y a-t-il vraiment un responsable à blâmer ? Ou est-ce plutôt le fruit d’une chaîne d’évènements en place qui mène à une réalité tragique, insurmontable, presque inacceptable ?

Le plaisir est grand de se retrouver face à un panel de personnages attachants au-delà de leurs travers. La capacité de chacun de reconnaître les limites à ne pas transgresser, d’offrir un brin d’empathie malgré leurs propres blessures remuées, rouvertes, dédramatise le ton d’un récit qui aurait pu s’appesantir d’une grande lourdeur triste.

De réflexions en étapes de croissance intérieure, chacun fait un pas, recule, chute, se redresse, avance à nouveau. Un pas devant l’autre vers une renaissance choisie malgré la mort qui a fauché un être cher, en une tentative de garder en soi une place pour le meilleur, de surpasser le brouillard de l’aveuglement de la douleur pour ne pas perdre le contact avec l’autre. Car malgré tout, l’écoute est toujours là. Attentive même si brouillée.

Cette écoute permet à chacun non seulement d’identifier où il en est dans le travail qu’il est le seul à pouvoir faire pour lui-même, mais aussi d’aller au-delà de ce qu’il pensait possible et réalisable. D’aller vers le monde, dans une somptueuse ode à la vie. (Ariane Jauniaux)