Depuis sa création en 2011, le Tournai Ramdam n’a cessé de prendre de l’ampleur à tous niveaux. En étoffant progressivement sa programmation, en dénichant des pépites de tous horizons (souvenons-nous du bouleversant « Land of Mine », prochain Coup de Cœur de CinéFemme) et en repérant de très jeunes réalisateurs talentueux, quasi inconnus au bataillon, le Festival du film qui dérange est parvenu, en quelques années, à étendre sa renommée au-delà des frontières de la Wallonie Picarde, et à rencontrer un succès incontestable auprès d’un nombre grandissant de festivaliers.
Paradoxe d’un concept porteur qui demeure plus que jamais nécessaire, comme le souligne Jean-Pierre Winberg, Président du Festival : si le Ramdam vise à bousculer nos a priori, à remuer nos consciences, à ébranler nos certitudes et à favoriser les valeurs de rencontre et de partage à travers un cinéma qui dénonce les maux de notre planète, plus le temps passe, plus la sélection devient difficile tant les films dérangeants se multiplient ! Signe positif s’il en est que le cinéma est un art prolifique et un puissant vecteur défendant la dignité humaine et ses libertés fondamentales, mais triste indice quant à l’état de santé de notre monde et aux trop nombreuses alertes qui méritent encore et toujours toute notre vigilance.
Pour sa septième édition, qui se tiendra du 14 au 24 janvier, le Festival mettra ainsi à l’honneur 15 courts-métrages, 27 longs-métrages de fiction et 14 documentaires. Il proposera deux avant-premières mondiales ainsi que de nombreuses avant-premières belges. Outre la très belle représentation de notre cinéma national (notamment dans la catégorie « Ramdam de l’année »), on relèvera le caractère international du Ramdam, qui programme une flopée de films venus des quatre coins de la planète. Un esprit d’ouverture qui se reflète dans la superbe affiche 2017, laquelle nous invite à regarder le monde différemment. (Le programme complet est disponible sur le site http://www.ramdamfestival.be/.)
Côté casting et rencontres, les débats promettent d’être aussi enrichissants qu’animés car les organisateurs ont mis les bouchées doubles afin que la majorité des films présentés soient rehaussés par la présence d’acteurs, de réalisateurs ou de scénaristes. Cela sera notamment le cas pour le film d’ouverture « Angle Mort » (Dode Hoek) de Nabil Ben Yadir qui sera projeté à Imagix le lundi 16 janvier à 20h00 en présence de l’équipe du film. Brunhilde Pomsel, âgée de 105 ans, figure centrale du documentaire autrichien « A German Life », sténographe du ministre de la propagande du régime nazi Joseph Goebbels et l’un des derniers témoins ayant connu de l’intérieur les rouages d’une implacable machine de guerre, devrait également intervenir au court du débat du 18 janvier si son état de santé le lui permet.
Par ailleurs, si le cinéma est le pilier du Ramdam, ses fondateurs ont toujours eu à cœur d’ouvrir au public les portes d’un horizon culturel ne se limitant pas exclusivement au 7ème art, et ce, en nouant des partenariats qui s’inscrivent dans la ligne éditoriale du Festival. Le millésime 2017 sera, sur ce plan, exceptionnel puisqu’en collaboration avec le Festival Photo de La Gacilly1 (le plus grand festival de photos en extérieur de France), les visiteurs auront la possibilité de découvrir à travers deux artistes, Daesung Lee et Quentin Bruno, des photographies abordant deux sujets dérangeants : la montée inéluctable des océans et la jungle de Calais. Le Musée des Beaux-Arts de la Ville de Tournai accueillera également une prestigieuse exposition Dalí – Pitxot2 retraçant les liens esthétiques et amicaux qui ont intimement unis les deux peintres catalans. Ce ne seront pas moins de 80 œuvres qui seront accessibles du 14 janvier au 16 avril 2017. (Le VIP Pass et le Fan Pass du Ramdam donnent gratuitement accès à l’exposition et l’Office du Tourisme de Tournai propose également un City Pass combiné au Ramdam).
Enfin, pour sa soirée de clôture, en projetant le film « Lion », premier long-métrage de fiction du cinéaste australien Garth Davies et nominé pour les Oscars 2017, le Festival ose, non sans ironie, un « feel good movie dérangeant » qui risque de nous arracher quelques larmes. Mouchoirs gracieusement offerts avant la séance, assurent les organisateurs du Ramdam !
Christie Huysmans
1 http://www.festivalphoto-lagacilly.com/
2 http://www.visittournai.be/spip.php?page=details&lang=fr&id=EVT-02-02O5-003I&id_rubrique=5