10 000 B.C

Il y a des films tellement médiocres qu’ils en deviennent mauvais. Tellement mauvais qu’ils peuvent, sans espoir aucun de rédemption - même si leur sortie est programmée la semaine de Pâques, censée être le pic résurrectionnel de l’année - être qualifiées de nuls.

Roland Emmerich n’a jamais été le Ford, l’Hawks ou le Huston de la pellicule. Et il n’en a jamais eu, vraisemblablement, la prétention.

Est-ce pour cela qu’il faut à soi tout seul incarner l’adage que le pire est toujours à venir ?

Après un très poussif « Independance day », une ridicule relecture de « Godzilla », un hymne au super héros malgré lui « Patriot », « The day after tomorrow », il décide de revisiter, avec la même absence de subtilité et d’inventivité, un genre qui a connu son heure de gloire cinématographique avec Jean-Jacques Annaud « La guerre du feu » et Don Shaffey « One million years BC ».

Il est vrai que la très modeste temporalité d’Emmerich - 990.000 années de moins que son prédécesseur …- ne dispose comme atout que de banales images de synthèse, alors que Don Shaffey avait su rendre ses mammouths particulièrement attractifs par la présence d’une Raquel Welsh magnifiée d’un justaucorps (vêtement qui n’avait jamais autant mérité sa dénomination) qui est resté dans la mémoire reptilienne de tous ceux qui l’ont vue.

Entre une revisitation d’un épisode des mythes et légendes romaines, l’enlèvement des Sabines, la frénésie d’une poursuite de la femme enlevée inspirée par celle d’ « Apocalypto » de Mel Gibson et la fascination du cinéaste pour les civilisations anciennes – « Stargate » du même Emmerich réalisé en 1994 – « 10 000 B.C. » se traîne. Sans véritable scénario, sans réelle mise en scène et sans direction d’acteurs.

Si la préhistoire vous passionne, relisez les romans de Rosny aîné (*) ou la belle saga de Jean Auel « The Earth’s children (**).

Si vous n’aimez pas lire, louez en DVD le Don Schaffey (***) ou revoyez sur une chaîne cryptée le feuilleton « The Flinstones ».

Au moins vous ne perdrez pas votre temps.

(m.c.a)

(*) Romans auquel Mélanie Bulliard a consacré une étude publiée chez Archipel « Enjeu des origines »
(**) Série d’une vingtaine de livres traduits en poche Pocket sous le titre « Les enfants de la Terre ». (***) Surtout pas le « RRrrr » d’Alain Chabat, tout aussi daube que ce « 10 000 B.C ».