13 ASSASSINS

13 assassins , remake de l’œuvre d’Eiichi Kudo (1963), est un film de genre (un jidai-geki pour être précis*). Telle serait la description la plus fidèle du dernier long métrage de Takashi Miike.

Peu importe le scénario, le réalisateur y a mis les formes, et seules les formes comptent. La mise en scène est recherchée : la caméra met en exergue l’élan collectif de héros fédérés par une mission commune, son mouvement tisse des liens entre les samouraïs. Cadrage et montage fournissent à cette épopée médiévale une pulsion vitale.

Mais qu’en est-il de l’histoire ? 13 hommes massacrent et se font massacrer au nom de la justice. Certes, leur cause est bonne (arrêter un maître samouraï d’un sadisme ignoble), mais elle est dictée davantage par le devoir et le désir d’aventure que par un réel jugement de valeur. Réflexe d’un samouraï devant le corps d’une femme mutilée ? Sourire. Il a enfin une bonne excuse pour partir au combat. L’unique moteur scénaristique est la violence. Le film manque cruellement de femmes (on en dénombre 3 ou 4 maximum), peut-être pour leur bien, car leur présence est bien cruellement gérée.

13 assassins est un jidai-geki qui s’assume esthétiquement … tout en ne s’assumant pas scénaristiquement. Takashi Miike construit un film au visuel inventif et soigné (les 45 minutes de bataille sont mémorables) mais au contenu inquiétant et contradictoire. La mentalité féodale prônant l’obligation de la violence fait certes un peu tache à l’heure actuelle, mais sous le couvert du film de samouraïs, le réalisateur peut se permettre la sublimation de la guerre (ce qu’il fera pendant les 2 premières heures du film). L’excuse générique tombe cependant quand la morale de fin prône l’importance de l’amour et de l’abandon des armes, discours éthique soudain exprimé par ceux-là même qui souriaient à l’idée d’un bon bain de sang. La conclusion de 13 assassins met à mal la cohérence de ses personnages et annule quelque peu tout son développement (elle accole aussi donc, au passage, l’étiquette « gratuites » aux monstruosités représentées à l’écran). 

En bref, si vous aimez les batailles ingénieuses et que votre motivation de cinéphile est essentiellement esthétique, 13 assassins est un film pour vous. Ceux qui préfèrent suivre des parcours humains et philosopher sur le sens profond d’une histoire passeront plutôt leur chemin.

(Aurélie Waeterinckx)

(*) Film d’époque japonais