Film belge
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Coup de coeurADEM

Hans Van Nuffel (Belgique 2010)

Annemone Valcke Marie Vinck, Stef Aerts, Kris Cuppens, Wouiter Hendrickx

100 min.
8 septembre 2010
ADEM

Il n’y a pas de petits ou de grands festivals. Il y a juste des festivals exagérément médiatisés et les autres.

Les deux offrent leurs perles, leurs crapauds et leurs films qui ne laisseront dans les mémoires qu’un maigrelet souvenir.

A Montréal, en cette fin d’été, la Belgique était représentée, dans le cadre du festival des films du Monde - pendant outre Atlantique du très intéressant festival des trois continents de Nantes - par trois cinéastes belges (*) et c’est l’un de ceux-ci, Hans van Nuffel, qui a remporté - et mérité – pour son film « Adem » le Grand Prix des Amériques.

« Adem » c’est la rencontre, contée avec naturel et empathie, de deux jeunes hommes atteints de la même maladie génétique. Et qui, conscients de la brièveté attendue de leur vie, décident de l’éperonner avec un allant qui fait défaut à bien de leurs contemporains en bonne santé.

Est-ce parce que le réalisateur est lui-même atteint de la fibrose kystique (ou mucoviscidose) que le film est imprégné de ce parfum de sincérité qui va droit à l’essentiel ?

Cet essentiel incarné par le besoin de donner un sens à sa vie est affronté par des malades qui redoutent et espèrent le moment où la greffe sera à portée de poumons. Moment de sélection, de choix parce les donneurs sont plus rares que les receveurs.

Louvoyant entre les écueils du genre - ne pas tomber dans le tire-larmes (**), le témoignage pour le téléthon (***) ou le documentaire clinique (****) -« Adem » réussit à émouvoir et à toucher tout en ne suffoquant pas le spectateur sous un trop plein de sensiblerie et de sentimentalité.

Le jeu attachant des acteurs (ou le jeu d’acteurs attachants) permet aux clichés narratifs - dont l’histoire n’est pourtant pas avare - de sauver la cohérence du parti pris du réalisateur : le thème du film est moins la description d’une maladie que le combat de tous les jours pour y faire face avec courage.

Une bande son soignée et collant avec justesse aux scènes qu’elle sertit, la capacité de ne pas présenter l’hôpital, l’unité de lieu importante du récit, comme un espace de non-vie, la sensibilité avec laquelle sont observées les relations humaines (entre parents et enfants malades, entre patients, entre ceux-ci et le personnel médical) confèrent à « Adem » une respiration.

Une qualité d’oxygène qui permet de croire que l’envie d’aimer, l’envie d’être heureux existent même si le souffle pour assumer ces désirs risque d’être court.

Ce premier film du jeune Hans Van Nuffel (29 ans), pour ses évidentes qualités morales et « spirituelles » s’est vu , outre le Grand Prix des Amériques, décerné par différentes associations religieuses celui de l’Oecuménisme.

Il aurait pu aussi recevoir, s’il avait existé, celui du plus efficace film porte-parole d’une maladie qui demeure aujourd’hui encore souvent incurable (mca)

(*) Kadir Balci avec « Turquaze », Hans Herbots avec « Bo »
(**) « Le petit prince a dit » de Christine Pascal
(***) « Lorenzo’s oil » de George Miller
(****) « Titicut follies » de Frederick Wiserman, chroniqué sur ce site/